Pour les professionnels, une nouvelle loi sur la santé s'impose en urgence. Le cadre législatif régissant le secteur de la santé ne convient plus aux mutations que connaît actuellement le secteur, notamment avec l'ouverture du marché du médicament. C'est ce que nous a révélé le président de la section ordinale et régionale des pharmaciens d'Alger, M.Benbahmed, lors de la première Journée nationale de pharmacie hospitalière organisée hier à l'hôtel Aurassi, par l'ordre national des pharmaciens. «Avec l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE et l'adhésion à l'OMC, une nouvelle loi sur la santé s'impose en urgence», a clairement précisé le président. Pourtant, atteste-t-il, la nouvelle loi sur la santé qui remplacera la loi 85-05, appliquée actuellement, a été élaborée depuis 2002. Celle-ci a même été présentée au secrétariat général du gouvernement. Alors qu'attend le gouvernement pour passer à l'application de cette loi? Telle est la question qui tourmente aujourd'hui les professionnels du secteur. «On ne peut pas travailler aujourd'hui avec des vieux textes», a-t-il réitéré en expliquant qu'il faut trouver une politique adéquate qui correspond aux engagements de notre pays et protège la production nationale. Il évoquera dans ce sens l'ouverture du marché du médicament aux opérateurs économiques, pour dire qu'il n'y a pas de loi claire qui explicite les procédures nécessaires à poursuivre pour l'acquisition des médicaments. «Avant les hôpitaux s'approvisionnaient à la Pharmacie centrale qui se chargeait de l'achat des médicaments, mais aujourd'hui les choses ont changé et les hôpitaux sont appelés à faire, eux-mêmes, les démarches», a-t-il tenu à relever. C'est ce que nous a également confirmé un pharmacien exerçant au niveau de l'hôpital de Ben Aknoun. Il est vrai que l'ouverture du marché du médicament va régler le problème d'indisponibilité surtout au niveau des hôpitaux, mais l'absence des mécanismes et des instruments de gestion, met les pharmaciens dans une situation critique. Cela veut dire que le département de la santé a procédé à l'ouverture du marché des médicaments sans pour autant préparer le terrain. C'est pour cette raison d'ailleurs que le Conseil de l'ordre national des pharmaciens a appelé hier à l'ouverture d'un débat concernant la nouvelle stratégie d'achat des médicaments. La rencontre d'hier était l'occasion pour les pharmaciens de revendiquer un statut digne de leur profession. Ces derniers ont également plaidé pour l'amélioration de leur rôle au niveau des hôpitaux. Sur ce passage, M.Benbahmed, dira: «On est le seul pays dans le monde où le secteur de la pharmacie est géré par des administrateurs et non par des spécialistes du domaine». Et d'ajouter «C'est terrible de constater qu'il y a des hôpitaux sans pharmacie, alors qu'on s'apprête à adhérer à l'OMC». Pour lui, la centralisation de la politique du médicament entre les mains des administrateurs est à l'origine de toutes les difficultés qu'a connues le secteur sanitaire. Le responsable pense qu'il est urgent de créer une agence nationale du médicament qui permettra de mener une véritable politique du médicament et de créer des groupes de travail et d'experts qui se chargent de la mise à niveau des établissements publics. Les pharmaciens ont également exigé l'augmentation des postes budgétaires de la pharmacie hospitalière.