La nouvelle ne surprend que les profanes en matière de fonctionnement de la justice française et ceux qui ont cru en les assurances d'un avocat qui semble confondre audience et conférence de presse ; le juge d'application des peines de Melun a rejeté la demande de libération conditionnelle de Cheb Mami, condamné le 3 juillet 2009 à 5 ans de prison pour tentative d'avortement forcé d'une ex-compagne parisienne. Le chanteur avait fait une demande de libération conditionnelle parentale concernant son fils de deux ans. L'enfant est né quand Mami avait trompé la justice française qui l'avait remis en liberté sous caution de 200 000 euros. Placé sous contrôle judiciaire, il avait pris la fuite croyant que sa notoriété valait impunité. Il avait dû se rendre à l'évidence et se présenter ensuite à son procès... Le juge d'application des peines de Melun, ville de la région parisienne où il est incarcéré, a donc rejeté la demande de libération parentale car son enfant ne vit pas en France mais en Algérie. La libération conditionnelle est une mesure strictement encadrée par la loi. Même accordée, elle n'aurait pas permis à Mami de quitter la France avant un certain délai. Comme il ne peut pas ainsi rejoindre son fils resté en Algérie, elle est sans objet. Autre obstacle : pour bénéficier de la faveur, le requérant doit démontrer que sa sortie de prison va permettre de procurer à l'enfant ses moyens de subsistance. Or, la fortune de Mami est connue du plus commun des Algériens... Par ailleurs, en omettant d'avoir une pensée pour sa fille non désirée, née de sa liaison avec la photographe, il ne semble pas avoir convaincu le tribunal par ses sentiments de paternité. Le dossier était donc mal emmanché et il ne faut surtout pas espérer une grâce présidentielle comme le fait croire son avocat. Le président de la République, qui dispose de ce droit, ne l'exerce pas sans discernement. Dans le cas de Mami, sa renommée aurait dû l'inciter à un comportement exemplaire. Toutefois, le procureur de la République de Melun, Bruno Dalles, a expliqué que Mami “sera éligible à une mesure de libération conditionnelle normale fin février 2011. C'est une faveur accordée à tout détenu qui a effectué la moitié de sa peine en détention. D'ici là, il pourrait bénéficier de mesures de permission de sortie”. Mami a été condamné le 3 juillet 2009, notamment pour des “violences” avec circonstances aggravantes en 2005 à l'encontre d'une photographe de presse de 43 ans, avec laquelle il entretenait une liaison. En août 2005, celle-ci affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu'elle eut annoncé sa grossesse au chanteur à laquelle il était opposé. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, affirmant que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. Elle a finalement donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de quatre ans. Le chanteur, après deux ans de fuite en Algérie, avait décidé de se présenter devant la justice, alors que par ailleurs sa carrière semblait au point mort. Lors de son procès, Cheb Mami avait demandé pardon à la photographe. “Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui demande pardon, je regrette”, avait-il dit, invitant son ex-imprésario, aussi impliqué dans l'affaire, à en faire de même. S'il avait reconnu sa responsabilité, le chanteur avait néanmoins affirmé avoir été “piégé” par son entourage. Pourtant, dans ses dernières déclarations, il continue de se dire victime d'une injustice. C'est le délire d'une star qui se croit au-dessus des lois...