Face au durcissement de la position du gouvernement Fillon, qui refuse de faire machine arrière sur le vote de la loi sur les retraites, les grévistes multiplient les actions au risque de bloquer l'Hexagone, avec notamment cette rupture de stock de carburant. Le bras de fer entre les grévistes contestant la nouvelle loi sur les retraites et le gouvernement de François Fillon semble prendre une nouvelle dimension au vu des développements enregistrés hier un peu partout sur le territoire français. Après une semaine de mobilisation sans précédent depuis le début de la protestation contre cette réforme qui prévoit de reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, syndicats et gouvernement campent sur leurs positions. Plus d'un millier de stations-services étaient en rupture de carburant hier matin en France, en plus des dépôts pétroliers bloqués la veille par des cheminots et des routiers. La grève dans les 12 raffineries françaises s'est donc poursuivie, compliquant la situation davantage. Ainsi, quelque 1 500 stations-services, sur les 12 500 que compte la France, étaient en rupture de stock de carburant, selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP) qui représente la grande distribution, soit 60% des ventes dans le pays. Sur plusieurs sites, les salariés grévistes étaient mobilisés depuis la nuit pour bloquer les dépôts pétroliers et ainsi empêcher le ravitaillement des pompes. Les deux dépôts pétroliers de Basse Normandie, situés à Caen et à Ouistreham, ainsi que celui de Brest étaient bloqués depuis 4h heure locale (2h GMT) lundi par des salariés grévistes, essentiellement employés d'entreprises de transports. À Frontignan, le dépôt a été bloqué dans la nuit par plusieurs centaines de cheminots et routiers, selon la préfecture et une source syndicale. Repoussés par les forces de l'ordre, ils se sont repliés sur les ronds-points des axes routiers menant au site et vers 6h30 GMT, une trentaine de camions étaient bloqués par environ 80 manifestants. Bien que le spectre d'une pénurie générale de carburant se précise de plus en plus, Nicolas Sarkozy a assuré ce week-end qu'il n'y aurait pas de pénurie de carburant et a averti que les autorités feraient “débloquer les dépôts” pétroliers si nécessaire. Dans certaines villes, comme Toulouse ou Saint-Etienne, des militants et des grévistes ont bloqué les dépôts des transports en commun, empêchant pendant plusieurs heures les autobus et tramways de fonctionner. De leur côté, les routiers, appelés par les syndicats à durcir le mouvement de contestation, ont organisé hier plusieurs opérations escargot aux abords des grandes villes de France, provoquant des bouchons sur plusieurs kilomètres aux abords de Paris ou Lille. Les transports ferroviaires étaient toujours perturbés lundi, la société nationale de chemins de fer SNCF prévoyant en moyenne un train grande vitesse (TGV) sur deux et de fortes perturbations à l'international. Ceci étant, profitant du soutien de l'opposition de gauche, les syndicats espèrent maintenir la mobilisation à un haut niveau lors de la journée de grèves et de manifestation de mardi, afin d'obliger le Sénat à suspendre le vote du projet de loi, prévu au plus tôt mercredi. Il n'en demeure pas moins que le Premier ministre François Fillon a répété, dimanche, que la réforme serait “votée, malgré la crise sociale”.