Le mouvement de protestation contre la réforme des retraites en France a pris un nouveau tournant ce matin, avec la fermeture de quelque 1 500 stations-service qui se sont retrouvées en rupture de stock de carburant. La situation risque de s'aggraver demain avec la nouvelle journée de mobilisation qui verra l'annulation de la moitié des vols à Orly et 30% dans les autres aéroports. Ce matin, quelque 1 500 stations-service, sur les 12 500 que compte la France, étaient en rupture de stock de carburant, a indiqué l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP) qui représente la grande distribution, soit 60% des ventes en France. «20 à 25% de notre potentiel de distribution est soit arrêté, soit en difficulté», a indiqué le délégué général de l'UIP. «Il y a des régions qui sont dans une situation plus favorable que d'autres», a-t-il poursuivi. Le Nord est, par exemple, mieux loti que l'Ouest. «La Bretagne est dans une situation très inquiétante», selon lui. En dépit de la poursuite de la grève dans les 12 raffineries du pays, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a assuré, ce week-end, qu'il n'y aurait pas de pénurie de carburant et a averti que les autorités feraient «débloquer les dépôts» pétroliers si nécessaire. Pour leur part, les routiers, appelés par les syndicats à durcir le mouvement de contestation, ont organisé ce matin plusieurs opérations escargot aux abords des grandes villes, provoquant des bouchons sur plusieurs kilomètres aux abords de Paris ou Lille. Sur plusieurs sites, les salariés grévistes étaient mobilisés depuis la nuit pour bloquer les dépôts pétroliers et ainsi empêcher le ravitaillement des pompes. Les deux dépôts pétroliers de Basse-Normandie (nord-ouest), situés à Caen et Ouistreham, ainsi que celui de Brest (Ouest) étaient bloqués depuis 4h 00 locales (2h 00 GMT) par des salariés grévistes, essentiellement employés d'entreprises de transport. A Frontignan (Sud), le dépôt a été bloqué dans la nuit par plusieurs centaines de cheminots et routiers. Repoussés par les forces de l'ordre, ils se sont repliés sur les ronds-points des axes routiers menant au site et vers 6h 30 GMT, une trentaine de camions étaient bloqués par environ 80 manifestants. Dans certaines villes, comme Toulouse (Sud-Ouest) ou Saint-Etienne (Centre-Est), des militants et des grévistes ont bloqué les dépôts des transports en commun, empêchant pendant plusieurs heures les autobus et tramways de fonctionner. Les transports ferroviaires étaient toujours perturbés ce matin, la société nationale des chemins de fer Sncf prévoyant en moyenne un Train à grande vitesse (TGV) sur deux et de fortes perturbations à l'international. Ces actions de protestation surviennent après les nombreuses manifestations organisées un peu partout en France par les syndicats, ces dernières semaines. Des manifestations qui ont poussé le gouvernement français à faire quelques concessions, sans toutefois renoncer aux grandes lignes du projet de réforme des retraites, dont principalement celle de l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite. La question qui se pose à présent est de savoir si Sarkozy lâchera encore du lest si le mouvement de protestation se durcit davantage et dure dans le temps. Fortes perturbations demain dans les aéroports La moitié des vols sera annulée demain, mardi, à l'aéroport parisien d'Orly et 30% dans les autres aéroports français, dans le cadre de la journée de grève pour les retraites, a annoncé aujourd'hui la direction générale de l'aviation civile.