Le chef de la diplomatie algérienne a passé en revue les relations de l'Algérie avec la France, le Maroc, à la lumière des derniers développements dans le conflit du Sahara occidental et, bien sûr, la situation prévalant au Sahel après les rapts d'étrangers par Al-Qaïda au Maghreb islamique. Concernant le sujet, qui est sous les feux de la rampe, ces derniers jours, avec la visite dans la région de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, le ministre algérien des Affaires étrangères estimera que la nouvelle dynamique des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, menée par l'émissaire onusien est “contrariée” par la position du Maroc qui “bloque” les négociations sur toute solution autre que la sienne. Mourad Medelci affirmera, sur les ondes de la radio Chaîne III, que “cette dynamique est contrariée par la position de l'une des parties, en l'occurrence le Maroc, qui bloque les négociations sur toute solution autre que la sienne et qui ne veut pas l'entrée en matière de l'autre solution qui est celle du référendum d'autodétermination”. Il rappellera, par ailleurs, que l'Assemblée générale de l'ONU, qui se réunit tous les ans sur cette question, s'est “clairement” exprimée sur la nécessité de ce référendum d'autodétermination et a confirmé qu'il s'agit-là d'un cas de “décolonisation”. Dans le même ordre d'idées, il ajoutera : “Nous avons, en Algérie, une situation de très grande sérénité sur cette question-là (conflit entre le Maroc et le Front Polisario), parce que nous défendons les Sahraouis comme nous avions défendu, par principe, il y a plusieurs années, Timor-Est.” Le chef de la diplomatie algérienne émettra le souhait que “chacun des acteurs (Front Polisario et Maroc) puisse engager une vraie négociation qui tienne compte des préoccupations des uns et des autres”. Interrogé sur les récents agissements de Rabat, Medelci dira que l'Algérie “ne répond pas à la provocation” et ne réagit pas en dehors des institutions responsables de la gestion de ses relations avec les pays voisins, particulièrement avec le Maroc. “La diplomatie algérienne ne réagit pas en dehors des institutions qui sont responsables de la gestion de ses relations avec les voisins, avec le Maroc en particulier”, déclarera-t-il, en faisant allusion aux récentes manifestations marocaines à la frontière avec l'Algérie. “Nous ne répondons pas à la provocation. Ceci ne signifie pas que nous n'avons pas la possibilité de faire passer le message. Nous pouvons le faire sans avoir recours à des porteurs de banderoles”, a-t-il dit. La réponse à ces tentatives du Maroc d'impliquer l'Algérie dans ce conflit vient de l'ONU à travers les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Assemblée générale qui soulignent clairement que l'Algérie n'est pas partie du conflit, soulignera-t-il. Il terminera sur une note positive en affirmant que “rien ne séparera le peuple algérien du peuple marocain et rien n'empêchera l'Algérie de défendre ses principes qui sont universels”. Questionné sur la sécurité au Sahel, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, estimera qu'elle était du ressort des pays de cette région où des groupes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) multiplient leurs activités sous formes d'attentats ou d'enlèvements. “Nous sommes responsables de la sécurité, en tant que pays du Sahel, de tous ceux qui vivent dans cette zone où la situation est préoccupante.” En plus clair, il dira : “L'Algérie n'a jamais dit que les pays qui ne font pas partie de cette zone n'étaient pas concernés (par la lutte contre le terrorisme). Si ces pays peuvent apporter leur aide, ils sont les bienvenus mais ils ne peuvent venir s'implanter chez nous pour apporter la solution.” Quant aux relations algéro-françaises, Mourad Medelci affirmera que l'Algérie et la France “ne peuvent faire autrement que de regarder vers l'avenir”, mais cela ne signifie pas pour autant de “dire n'importe quoi sur le passé”. Selon lui, les relations avec la France “sont en train de prendre une nouvelle tournure souhaitée par les deux parties”, tout en rappelant au passage l'existence entre les deux pays d'une relation “stratégique”. “Les situations tendues, mais relativement bien précises, que nous avons vécues au cours des derniers mois, ont laissé place à plus d'ouverture”, précisera-t-il. Enfin, il mettra en garde contre une éventuelle sécession au Soudan, suite au prochain référendum, car elle “pourrait avoir un effet de contagion et provoquer des situations de même nature dans d'autres pays du continent”.