Le FLN s'enfonce dans la crise. Même si, au niveau de la direction du parti, on refuse d'utiliser le mot “crise” et on tente de minimiser, voire ridiculiser le vent de mécontentement qui souffle de toute part, les choses semblent aller vers le pourrissement. Les opposants à la ligne du secrétaire général affûtent leurs armes et passent à une nouvelle étape : Ils s'installent carrément dans de nouveaux locaux, à Hydra et Kouba, pour organiser leur mouvement. “Ce n'est pas une organisation parallèle”, tient à préciser Mohamed Seghir Kara, ancien cadre du parti, ancien ministre et ancien journaliste, joint par téléphone. Pour l'instant, précise-t-il, “il s'agit de déclarations individuelles, de prises de positions, mais pas d'un mouvement de redressement, comme le laisse entendre la direction actuelle du parti”. Toutefois, Mohamed Seghir Kara nous confirme que le groupe d'anciens cadres du parti a finalisé un projet de déclaration commune qu'il a soumis aux anciens dirigeants et aux figures historiques du parti en vue de la rendre publique dans les jours à venir. Cette déclaration, tant attendue, devrait être, plutôt, un appel à l'unification des rangs du parti, qu'une scission. “Actuellement, il y a la présentation du bilan du gouvernement au sein du Parlement. Nous ne voulons pas parasiter ce débat, d'autant plus qu'il s'agit surtout du programme du président de la République”, précise notre interlocuteur. Ce sursis qu'accordent les opposants à Belkhadem est mis à profit pour peaufiner leur plan d'attaque. L'acquisition de nouveaux locaux ne veut pas dire, selon l'un des frondeurs, l'ouverture de sièges parallèles. “Nous avons un seul siège officiel, le siège central du parti situé à Hydra. C'est juste pour nous rencontrer et nous concerter”, tient à préciser M. Kara. Pour lui, “c'est la direction actuelle du parti qui parle d'opposition. Elle fait de la publicité à notre mouvement et provoque les militants de la base”.Tout en niant que les néo-redresseurs soient apparentés à un clan ou à une partie du pouvoir, notre interlocuteur martèlera que les problèmes qui les opposent au secrétaire général du parti sont d'ordre organique. Il citera notamment le cas des “parvenus” imposés au comité central du parti, en flagrante contradiction avec le règlement intérieur et les statuts du parti. La règle des dix ans de militantisme n'a pas été respectée, ainsi que celle relative au casier judiciaire des prétendants au comité central. On évoque la présence de familles entières au sein du CC (gendres, cousins, associés…). Du coup, ce sont entre 40 et 50 membres de l'actuel CC dont la candidature se trouve rejetée par le ministère de l'Intérieur. Pendant ce temps, des militants et moudjahiddine de la première heure, à l'instar de Mohamed Seghir Helaïli, ont été exclus du comité central au profit des “affairistes” qui n'ont jamais milité au sein du parti et qui s'y intéressent présentement pour se placer, selon les opposants. “Nous voulons épurer le parti des parvenus. Nous ne cherchons pas des postes”, assène Mohamed Seghir Kara. Les frondeurs demandent, en outre, que l'on refasse les élections des responsables locaux, dont l'opération a été émaillée d'incidents regrettables. Les actuels responsables locaux auraient reçu des instructions afin d'exclure tous les militants accusés de soutenir les opposants. En attendant de prendre connaissance de la déclaration publique des opposants et de la réaction officielle de Abdelaziz Belkhadem, force est de reconnaître que la crise qui secoue le FLN a atteint un point de non-retour. Qui en sortira vainqueur ? Qui y laissera des plumes ? Attendons pour voir.