Le FLN n'arrive toujours pas à dépasser la crise qui a failli l'emporter en 2004. A la veille de chaque rendez-vous organique, les vieux démons se réveillent et la maison se retrouve sens dessus dessous. Des cadres militants du parti, refusant de rester les bras croisés devant ce qu'ils qualifient de « dérive », envisagent d'organiser dans les prochaines semaines une journée de protestation nationale contre les pratiques, jugées inacceptables, de l'actuelle direction de l'ex-parti unique. « Des pratiques révolues » qui refont surface à quelques mois de la tenue du 9e congrès du parti. Dans une longue déclaration dont nous détenons une copie, ces cadres militants, qui se disent exclus des rangs du FLN pour avoir été aux côtés de l'ancien secrétaire général, Ali Benflis, lors de la précédente crise, appellent la base militante et les cadres du parti d'agir avant que ce ne soit trop tard. Ils leur demandent de « prendre position sans attendre » pour sauver ce qui reste du FLN et le remettre sur rails. Les rédacteurs de la déclaration n'ont pas lésiné sur les mots pour illustrer la situation qui prévaut au FLN. Ils accusent l'actuelle direction d'user de tous les moyens pour garder le contrôle sur le parti en prévision du prochain congrès. « Le staff dirigeant n'a qu'un seul souci : l'argent et rester au pouvoir par tous les moyens, même les plus illégitimes », peut-on lire sur la déclaration. Rappelant la « débâcle » du parti lors des élections législatives et locales de 2007 ainsi que lors des dernières sénatoriales, les militants dissidents accusent la direction du parti d'avoir exclu de véritables militants, favorisant l'arrivée de ce qu'ils qualifient d'« opportunistes » qui ne partagent nullement les principes du parti. « Les intérêts personnels priment sur l'intérêt du parti », relèvent-ils avec un brin de désolation. Invitant les autres militants à rallier leur mouvement de protestation, ces dissidents précisent que leur but est de sauver le parti : « Nous ne cherchons pas à accéder à des postes de responsabilité ni à des privilèges ni à prendre le contrôle du parti. Notre volonté est de mettre un terme aux pratiques de marginalisation et d'exclusion de militants », pestent-ils avant de relever de nombreux « dépassements et anomalies » constatés dans les préparatifs du prochain congrès. Un congrès qualifié de « fictif » puisqu'à leurs yeux, les militants sincères et fidèles sont congédiés. « Nous lançons un appel aux membres du conseil national, aux membres de l'instance exécutive et à ceux de la commission de préparation du congrès pour leur dire que tout ce qui a été fait et se fait maintenant au niveau des instances locales n'a rien à voir avec la base militante. Les rapports ont été trafiqués. Aucune assemblée générale n'a été tenue. Vous devez réagir et faire face à cette situation », demandent-ils, sollicitant par la même les cadres du front qui restent fidèles aux idéaux du parti pour qu'ils rompent leur silence et dénoncent toutes ces « pratiques malsaines » qui règnent au FLN. Les protestataires en appellent également au président Bouteflika, président d'honneur du parti, pour qu'il intervienne à même de mettre de l'ordre au sein de la maison FLN. Interpellé sur les dissensions internes, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a toujours minimisé son impact, allant parfois jusqu'à tenir pour responsables des « forces occultes » et les « ennemis du parti ». Alors que la date du congrès n'est toujours pas fixée, le vent de protestation qui souffle sur le parti ne conjecture rien de bon.