Très tôt, hier matin, des dizaines d'étudiantes et d'étudiants ont bloqué tous les accès à l'université de l'Usto en signe de protestation contre leur transfert au nouveau pôle universitaire de Belgaïd, distant de plusieurs kilomètres. Les enseignants présents sur les lieux, qui n'ont pu accéder à l'université, ont soutenu les étudiantes dans leur démarche. En effet, depuis le début de cette année, les cités universitaires C3 et C4 ont été évacuées et les résidentes étaient contraintes de s'installer au pôle universitaire de Belgaïd. “Il n'y a aucune sécurité là-bas, c'est un endroit désert et totalement isolé où il y a eu de très nombreuses agressions et tentatives de kidnapping de filles. Les cités sont mixtes et il n'y a pas de baraudage pour nous protéger de l'extérieur. Il n'y a rien aux alentours ni magasins, ni cyber, ni téléphone. On n'a pas d'infirmerie ni d'ambulance, ni de transport après 16h30”. “Pour une résidence de 8 000 lits, seuls 5 agents de sécurité sont présents la nuit dont l'un est d'un âge très avancé”, dénoncent plusieurs étudiants. Et d'ajouter : “Plus grave, le restaurant universitaire n'est pas fonctionnel, les repas sont ramenés en petites quantités, les coupures d'électricité et d'eau sont courantes”. Lasses d'avoir observé des sit-in sans suite, ces étudiantes ont décidé de passer à une autre forme de protestation pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Une enseignante nous confiera, en effet, que c'était anormal d'installer les filles dans ce pôle universitaire, notamment au vu de la situation dangereuse et des agressions à répétition. Et de déplorer plus gravement : “Ce n'est pas normal de choisir les cités universitaires des filles au profit des nouveaux étudiants des grandes écoles préparatoires. Les filles du peuple sont hébergées dans la campagne, c'est choquant”. Le mouvement devrait se poursuivre plusieurs jours encore.