Bush a commémoré le deuxième anniversaire du 11 septembre (2001), dans la morosité. Plus question pour lui de bomber le torse, il a échoué sur toute la ligne. La lutte mondiale anti-terroriste décrétée tout de suite après les attaques contre les symboles de la puissance américaine (les tours jumelles de New York et le Pentagone à Washington) par des kamikazes islamistes aux commandes d'avions de lignes régulières, détournés avec une facilité déconcertante, n'est toujours pas venue à bout de ce phénomène que les Américains avaient béni, auparavant, contre le communisme et contre la modernisation des sociétés musulmanes. L'Arabie Saoudite, dont le wahabisme a produit le soubassement idéologique de ce terrorisme et qui a propagé son contenu rétrograde, sectaire et violent dans le monde, a été débusquée depuis et mise au banc des accusés par Bush. Mais, Ben Laden, lui, court toujours et ses émules d'Al Qaïda se sont violemment retournés contre les Al Saoud, accusés, à juste titre, de n'être que des sous-traitants de l'impérialisme US. Les auteurs d'attentats terroristes en Indonésie, aux Philippines et au Maroc sont condamnés à de lourdes peines qui se veulent dissuasives, mais ce n'est pas suffisant. Pour tarir les sources de l'islamisme, il faut remplir deux conditions auxquelles Bush n'est pas près de souscrire : assécher les poches de misère et encourager la modernisation avec son indispensable corollaire, la démocratie. En Afghanistan, les talibans sont, à certains endroits, de retour. Karzaï ne règne qu'à Kaboul et, encore, sous la haute protection des Américains et des forces de l'OTAN. L'aide promise pour sortir la société afghane du moyen-âge est restée à l'état de promesses. Face à ce désenchantement, Karzaï n'a pas trouvé mieux que de se lancer, à son tour, dans la surenchère islamique. La burqua et le pouvoir tribal ont d'autant plus de l'avenir que Bush ne veut toujours pas donner le coup de pied qu'il faut à la fourmilière islamiste dans la région. En ménageant le Pakistan, terre d'asile des talibans et même de groupes appartenant à Al-Qaïda, l'Amérique veut certainement se garder dans la région un abcès de fixation. Bush ne rêve-t-il pas de mettre sous sa férule toute l'ex-Asie soviétique ? L'échec est encore plus évident en Irak où rien de ce qu'il a escompté ne s'est produit. Saddam le nargue toujours et, dans le pays, c'est le chaos. Le gouvernement provisoire, un composite du communitarisme irakien, travaillant sous la tutelle de l'administrateur américain, n'est pas près d'être agréé par des populations qui exigent l'évacuation immédiate des troupes américaines. Des GI's tombent quotidiennement sous les coups de snipers dont on ne sait toujours pas pour qui ils roulent et les attentats ne sont plus confinés au centre du pays. A Bassorah et dans les autres villes chiites, les forces britanniques subissent le même sort. Même le Nord, pourtant bien tenu par les Kurdes, n'est plus épargné. Tant et si bien que Bush, qui ne voulait pas de l'ONU est contraint aujourd'hui de quémander son assistance. Les autres dossiers qui devaient trouver solutions dans le sillage de l'occupation de l'Irak sont restés en l'état. Certains se sont mêmes aggravés, à l'image du conflit israélo-palestinien où la fameuse feuille de route a été transformée en un simple chiffon de papier par Sharon que Bush ne veut pas provoquer pour ne pas se mettre à dos le lobby juif américain. L'Amérique a prédit l'amorce de la démocratisation dans les pays arabes, en tant qu'accident collatéral de l'occupation irakienne. Des élections se sont déroulées en Jordanie et au Koweït et elles se sont soldées par la remontée de l'islamisme. L'invasion de l'Irak a exacerbé le sentiment antiaméricain chez les populations arabes qui se sont encore éloignées de leurs gouvernants qu'elles savent dociles à l'égard des Américains. L'image de Bush s'est également ternie chez lui où il est harcelé par les démocrates, mais aussi par des membres de son propre parti. Le Sénat ne veut pas lui voter une rallonge budgétaire tant qu'il ne s'est pas expliqué sur sa guerre en Irak. D. B.