Le monde entier célèbre demain le 8e anniversaire de l'attaque des deux tours jumelles de New York. Choc terrible pour le monde occidental en particulier, ce jour rappelle encore le long chemin qui reste à parcourir pour venir à bout du terrorisme, un phénomène insaisissable qui frappe en de nombreux endroits de par le monde. L'Algérie qui a mené une guerre contre ce fléau, grâce aux forces de sécurité, aux Patriotes et à la résistance, a décidé elle, plutôt, de jouer la carte de la réconciliation… Qu'importe si des zones d'ombre persistent encore sur les motifs de sa survenue, ses auteurs et son caractère exceptionnel : le 11 septembre 2001, dont nous célébrons demain le 8e anniversaire, qui a vu la puissante Amérique frappée en plein cœur, restera sans nul doute pour longtemps, et d'un avis unanime, comme le jour où le monde a changé. Bien plus que la chute du mur de Berlin, un peu plus d'une décennie plus tôt, qui a vu la fin du schisme classique entre blocs communiste et capitaliste, l'attaque des deux tours jumelles du Word Trade Center (WTC) à New York, symbole de la grandeur, de la puissance et de la démesure américaine, a fait apparaître au monde une nouvelle menace pire que la doctrine chère à Lénine et à Mao : le terrorisme islamiste. Depuis, ce sont la conception de la menace, l'approche de la question islamiste et celle de la lutte, les relations internationales qui ont été chamboulées. L'Amérique, qui a couvé longtemps les islamistes, notamment en Afghanistan du temps où ils menaient une guerre sans merci contre la subversion communiste, comme qualifiée alors, découvrent, ahuris, que leur pays reste vulnérable, que l'islamisme, défendu dans d'autres contrées au nom du sacro-saint principe de la pluralité et du respect des libertés démocratiques, est un ennemi redoutable et imprévisible. On ne s'encombre plus désormais à Washington des précautions sémantiques. Et on ne se prive pas de l'usage de tous les moyens pour traquer partout dans le monde ceux qui ont osé commettre ce qui passait pour un crime de lèse-majesté. Une nouvelle forme de classification des pays porteurs des germes de la menace voit le jour. On parle de “l'axe du mal”, de “postes avancés de la tyrannie” et des “ennemis de la liberté”. L'Algérie qui, une décennie durant, faisait face à un terrorisme barbare, sans pareil dans l'histoire, est regardée sous un autre prisme. Finies, les accusations brandies régulièrement par certains lobbys et autres ONG d'atteintes aux droits de l'Homme ! L'heure est à la compassion et au soutien du pays dans sa lutte contre ce nouveau fléau du début de ce siècle. À Washington, à Paris, mais aussi à Londres, base arrière jusque-là de la subversion islamiste contre l'Algérie et d'autres pays, on se rend à la triste évidence de la réalité : le terrorisme islamiste est barbare dans son essence, destructeur dans ses méthodes et incompatible avec les valeurs civilisationnelles. On comprend désormais la nature de ce fléau. Et rien de mieux donc, pour mener la guerre décrétée par les faucons de l'administration Bush et que devrait mener à terme son successeur, que de s'inspirer de l'exemple algérien. On assiste alors à un ballet de hautes personnalités américaines à Alger. Colin Powell, Donald Rumsfeld, mais aussi plus tard Condoleezza Rice, pour ne citer que les poids lourds, viennent s'informer. À l'unanimité, ils saluent la “coopération exceptionnelle” entre Alger et Washington. Tous apprécient la coopération dans la lutte contre le terrorisme et espèrent renforcer les relations militaires bilatérales. En plus d'un renforcement de la coopération dans le renseignement, les Américains s'engagent à fournir des armes à Alger, une demande longtemps refusée par le passé. Pour Alger, ces sollicitations de la première puissance mondiale, vite relayées par les Français, les Espagnols, mais aussi les Anglais ou encore les Allemands, répondaient à un objectif recherché depuis longtemps : sortir de l'isolement international dans lequel le pays était plongé auparavant et devenir fréquentable dans le concert des nations. Frileuse jusque-là, l'Algérie ne s'encombre plus des remarques venues d'ailleurs. Mais alors que le monde entier se met en ordre de bataille contre le terrorisme, voilà que l'Algérie, contre toute attente, elle qui s'est longuement plainte de “solitude”, adopte une politique de réconciliation, destinée prétendument à ramener à la “raison” les terroristes. Menée au pas de charge, dans un climat de crise sociale, en l'absence de concertation et de perspective politique, cette politique de réconciliation nationale, si elle a pu réduire la nuisance terroriste, n'est pas pour autant venue à bout du fléau. Pour nombre d'observateurs, elle se contente de traiter les conséquences de la crise, mais pas son origine. Pis encore : les ingrédients de son déclenchement sont toujours en place. On assiste même, au moment où il est pointé du doigt partout, à une institutionnalisation progressive de l'islamisme. Il n'y a qu'à voir le contenu des programmes scolaires et de la Télévision algérienne pour s'en convaincre. Ajoutez à cela les harcèlements opérés contre tous ceux qui troublent l'ordre recherché et les multiples concessions faites. À terme donc, faute d'une politique d'ouverture et de prospérité économique, il n'est pas exclu un retour de la situation qui a prévalu à la fin des années 1980. Comme quoi, pour nous, le 11 septembre n'aura contribué qu'à sortir le pays de l'isolement. Simplement. Les leçons peuvent attendre.