En 2007, le consensus républicains-démocrates réalisé dans le sillage du drame qui a frappé l'Amérique n'est plus qu'un souvenir. Moins solennelle que les années précédentes, notamment celle de l'an dernier, la commémoration aujourd'hui de la tragédie du 11 septembre sera plutôt une cérémonie du souvenir. Il est vrai qu'entre temps il y a eu la bataille contre les taliban en Afghanistan, en octobre 2001, suivie par la guerre et l'occupation de l'Irak, en mars 2003, bouleversant la donne géostratégique induite par le phénomène du terrorisme international. La mise sous tutelle de l'Afghanistan et l'occupation de l'Irak n'ont en rien atténué ou mis un terme à la violence terroriste dont la nuisance reste virulente dans les deux pays sus-cités comme dans nombre de contrées dans le monde. Beaucoup d'analystes et d'observateurs estiment en effet que la politique du président Bush dans la lutte contre le fléau du terrorisme -dont les résultats sont peu probants- a en fait échoué. Ce que la Maison-Blanche refuse d'admettre, qui estime être dans le vrai, ne tenant pas compte des mises en garde quant à une politique qui frappe à côté et ignore les vraies données d'un problème qui dépasse aujourd'hui les seules possibilités des Etats-Unis. En ne parvenant pas à «pacifier» l'Afghanistan, en s'enlisant dangereusement en Irak -remettant à l'ordre du jour le syndrome vietnamien- en focalisant sur ce que le président Bush qualifie «d'Etats voyous» (Iran, Corée du Nord et Syrie) -partant en chasse contre le nucléaire iranien et nord-coréen- l'administration républicaine semble avoir fait tout faux, se trompant particulièrement de priorité. La guerre contre l'Irak, notamment, loin de mettre un terme aux actions terroristes -outre de les avoir redoublé- a, en revanche, suscité des vocations de kamikazes, non seulement en Irak mais aussi dans de nombreux pays mettant la sécurité planétaire en stand by et la pression sur les dirigeants du monde. C'est en fait l'exploit auquel est parvenu le président Bush au lendemain des attentats meurtriers contre le World Trade Center de New York (attentat qui a fait quelque 2700 victimes). Si la riposte américaine était certes attendue, il est patent que le staff néo-conservateur entourant le président Bush a fait les mauvais choix dans ses priorités, en dispersant les efforts d'une part, en privilégiant les intérêts des multinationales -dont plusieurs responsables américains en ont été les dirigeants soit membres de leurs conseils d'administration (à l'instar du vice-président Dick Cheney, ancien P.D-G de Halliburton laquelle s'est vue octroyer la part du lion dans la «reconstruction» de l'Irak)- d'autre part. Cela au détriment d'une véritable politique concertée avec les Nations unies pour lutter contre le phénomène terroriste. Six ans après le 11 septembre, le leader de la nébuleuse islamique, Al-Qaîda, Oussama Ben Laden, court toujours. De fait, celui-ci, à la veille de la célébration du sixième anniversaire de cet événement, a réapparu après une éclipse de trois ans, s'adressant directement au «peuple américain», narguant même les Etats-Unis les taxant de «faibles» menaçant et en outre d'une escalade de la guerre en Irak. D'ailleurs, en rapport direct avec la «guerre contre la terreur» initiée par l'administration Bush, une polémique s'enfle aux Etats-Unis face aux résultats mitigés d'un combat dont les Américains n'en voit pas l'issue et qui coûte de plus en plus cher humainement (près de quatre mille soldats ont été tués en Irak depuis mars 2003) et financièrement (plus de 500 milliards de dollars ont déjà été engloutis la guerre). Au total, le tableau est bien sombre pour M.Bush et son administration, Oussama Ben Laden, court toujours, et rien n'indique qu'il sera rattrapé un jour; la population américaine est, elle, de plus en plus sceptique quant à l'issue des guerres en Irak et contre le terrorisme et fait de moins en moins confiance à George W. Bush. Au plan politique, les candidats à la présidentielle de novembre 2008 -solidaires avec l'action des républicains au lendemain du 11 septembre- ont divorcé avec l'administration Bush et réclament un calendrier clair de retrait des troupes américaines en Irak. En 2007 le consensus républicains-démocrates réalisé dans le sillage du drame qui a frappé l'Amérique n'est plus qu'un ersatz de souvenir. Cela d'autant plus que «Ground Zero», demeure un trou béant sur l'esplanade des Tours Jumelles, six ans après le drame, sans que les travaux de construction de la nouvelle «Tour de la Liberté» ne soient entamés et dont la maquette n'a été dévoilée que la semaine dernière. En fait, loin d'avoir ouvert la voie à une véritable coopération internationale pour combattre un fléau qui pénalise beaucoup de pays dans le monde, et pas seulement les Etats-Unis, les attaques du 11 septembre semblent surtout avoir constitué pour l'administration Bush une opportunité de consolider l'hégémonie US comme en témoigne la mainmise des multinationales américaines sur le pétrole irakien, notamment. A croire que quelque part il y a une sorte de partage des tâches entre Oussama Ben Laden, ancien agent de la CIA, en rupture de ban, et une administration Bush qui a instrumentalisé le terrorisme pour conforter la domination américaine sur le monde.