La pression s'accentue sur Rabat, avec la conférence jeudi au siège de l'Assemblée française à Paris en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui, et la 36e conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (Eucoco), à laquelle ont pris part hier près de 400 délégués, en provenance d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie. La communauté internationale est mise devant ses responsabilités sur la situation prévalant au Sahara occidental, où la contestation du peuple sahraoui contre les forces d'occupation marocaines est au centre de l'actualité. En effet, la rencontre à l'Assemblée française jeudi, qui constituait le préambule à la 36e conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco) qui s'est ouverte hier vendredi au Mans, a été l'occasion pour de nombreuses personnalités, des organisations non gouvernementales et des militants des droits de l'homme d'appeler depuis Paris à exercer des “pressions” au niveau institutionnel et à sensibiliser l'opinion internationale sur “l'urgence à œuvrer” pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Maya Salhi, experte en relations internationales et députée italienne, est revenue sur le contexte juridique et les causes du conflit entre le Sahara occidental et le Maroc, et sur la responsabilité de l'ONU et de l'UE à mettre un terme à un cas de “décolonisation”. Elle a expliqué, en mettant en avant la résolution 1514 sur la décolonisation, que l'exception du cas sahraoui réside dans le fait que ce “territoire s'est retrouvé devant une autre puissance occupante alors qu'il venait d'être décolonisé”. Selon elle, c'est “un cas d'occupation illégale et une violation du droit international”, d'où la responsabilité, des “Etats à faire face aux violations des droits de l'homme par le Maroc”. Le parlementaire français, Francis Jacob, estime que son pays a un rôle “particulier” à jouer pour que la question de décolonisation du Sahara occidental “revienne à l'actualité”, tout en saluant la résistance “exceptionnelle” des 20 000 Sahraouis qui ont dressé des campements hors la ville occupée d'El-Ayoun pour manifester leur révolte. La militante des droits de l'homme, Aminatou Haïder, a affirmé que plus de 500 Sahraouis ont été victimes de disparitions forcées et le Maroc refuse de donner des indications sur les circonstances de leur disparition. Elle a ajouté que des dizaines d'autres sont enterrées dans des fosses communes alors que le Sahara occidental demeure sous quadrillage militaire, et que la presse n'y est pas admise et les observateurs internationaux sont interdits de séjour dans les territoires. Dans son discours inaugural de cette conférence, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a lancé un appel “urgent” pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines dans les campements sahraouis dans les territoires occupés. “Je lance, du haut de cette tribune, un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines à ces campements afin de permettre l'acheminement de médicaments et de vivres, et la visite de la presse et des observateurs internationaux”, a-t-il affirmé. Quant au coordonnateur sahraoui auprès de la Minurso, M'hamed Khedad, il a évoqué l'exploitation “illégale” des ressources du Sahara occidental par le Maroc, en faisant remarquer que ce dernier “n'est pas une puissance administrante, mais une puissance occupante”. Dans cet ordre d'idées, il a fustigé les pays européens qui ont offert le “statut avancé” à ce pays, appelant le vieux continent à “revoir ses cartes” sur cette question. Le président de l'Eucoco, Pierre Galand, dont les travaux de la 36e édition se sont ouverts hier au Mans, a appelé, au terme d'une table ronde avec des parlementaires, à saisir par lettres ouvertes le président Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'ONU et le président du Conseil des droits de l'homme à Genève, sur “le drame vécu aujourd'hui dans les campements sahraouis” de Boudjdour, d'El-Ayoun et de Smara. Cela étant, près de 400 délégués, en provenance d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie, étaient attendus à cette rencontre internationale, convoquée à l'initiative de l'Association des amis de la RASD. L'Algérie est représentée par une forte délégation, composée de parlementaires, de représentants du Comité national de soutien au peuple sahraoui (CNASPS), des Scouts musulmans algériens (SMA) et du comité du Croissant-Rouge algérien (CRA). Cette conférence internationale intervient à un moment où la population sahraouie clame de plus en plus son désarroi et sa révolte face à une répression féroce exercée par les autorités d'occupation marocaines qui refusent de reconnaître la justesse des revendications exprimées. À signaler également le contexte de blocage et d'intransigeance du Maroc pour contrarier les efforts de l'ONU pour un règlement juste du conflit du Sahara occidental, de violations des droits humains, de pillage des ressources naturelles du pays et du statu quo imposé au processus de règlement. C'est l'occasion de sensibiliser la communauté internationale, qui fait preuve d'inertie et d'aveuglement face à une occupation illégale des territoires sahraouis, au mépris de la légalité internationale.