Pierre Galand, président de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) et également sénateur belge, a qualifié les déclarations de Mohammed VI de propos agressifs et estimé que le Maroc est dans une situation telle qu'“il doit se plier de plus en plus aux décisions internationales”. La 34e conférence du mouvement de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO), dont les travaux ont débuté hier à Valence (Espagne), intervient dans un contexte très particulier, à la veille surtout de la réaffirmation, par la 4e Commission de décolonisation des Nations unies, du droit à l'autodétermination du peuple de l'ancienne colonie espagnole et du cinquième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Acculé par les événements, le roi marocain Mohammed VI a tenu, le 6 novembre dernier, un discours se mettant en porte-à-faux avec la légalité internationale et des espoirs mis dans le nouveau processus de pourparlers maroco-sahraouis. À l'occasion de la commémoration du 33e anniversaire de la “marche verte” qui a ouvert la voie à l'occupation illégale du Sahara occidental, le roi a en effet réaffirmé que la seule et unique solution du conflit du Sahara occidental se trouve dans l'autonomie proposée par le Maroc sous sa souveraineté, tout en soulignant que son “initiative reste toujours sur la table des négociations”, organisées sous l'égide de l'ONU. “Le Maroc fait montre de mépris à l'encontre de la communauté internationale qui vient de réaffirmer que le territoire sahraoui est un territoire non autonome et que les négociations directes doivent déboucher sur l'autodétermination du peuple sahraoui”, a déclaré Mohamed Sidati, ministre délégué de la République sahraouie (RASD) auprès de l'Union européenne (UE), lors d'une conférence de presse organisée quelques heures avant l'ouverture des travaux de la rencontre de Valence. Ce dernier a en outre soutenu que “la fuite en avant du souverain chérifien confirme que le Maroc est sous pression”. “La communauté internationale doit réagir pour le mettre devant ses responsabilités”, a-t-il poursuivi, en laissant entendre qu'“il ne peut y avoir de perspectives dans les négociations avec un tel discours”. Pierre Galand, président de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) et également sénateur belge, est allé dans le même sens, qualifiant les déclarations de Mohammed VI de “propos agressifs” et estimant que le Maroc est dans une situation telle qu'“il doit se plier de plus en plus aux décisions internationales”. Outre la position de la 4e Commission de l'ONU, “l'accord d'association entre l'Europe et le Maroc ne va pas à l'encontre des résolutions du Conseil de sécurité et du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”, a précisé l'intervenant. M. Galand a aussi révélé qu'il y a même “un progrès dans la norme internationale”, et ce “grâce au Front Polisario et à la continuité de la solidarité internationale”. La preuve, a-t-il attesté, la conférence de la coordination européenne s'est élargie au point de se transformer en “une conférence tricontinentale”. Il a par ailleurs parlé d'initiatives prises à différents niveaux ou qui seront engagées prochainement “pour appuyer les thèses du Front Polisario”. Plus loin, le président d'EUCOCO a néanmoins nuancé ses propos, en faisant part de “ce qui (le) gêne” dans la démarche de l'UE, qui ferme les yeux devant Israël et le Maroc, “deux pays qui violent l'article 2 de l'accord de Barcelone et qui occupent un autre pays”. “C'est un mauvais message de l'UPM (Union pour la Méditerranée, ndlr)”, a déclaré Pierre Galand. Pour ce qui est de l'accord entre l'UE et le Maroc, qui bénéficie d'un statut avancé, il a affirmé que si un tel accord sert de “façade pour aider l'Europe à maintenir sa forteresse, cela est contradictoire avec les droits de l'homme”. H. A.