Dans la chaîne de lutte contre le chômage à travers les dispositifs Cnac et Ansej, la Badr semble être le maillon faible. Cette banque est considérée par les dirigeants de la Caisse d'assurance chômage (Cnac) et l'Agence de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) comme l'un des facteurs de blocage des initiatives des promoteurs de projets. Outre les centaines de dossiers rejetés, la banque accuse un retard flagrant dans le traitement des dossiers. La réponse des agences dure 4 voire 5 mois alors que la réglementation exige un délai ne dépassant pas les deux mois. Dans certaines régions telles que les Hauts-Plateaux et le Sud, la Badr, selon les gérants des deux dispositifs, traite le plus faible nombre de demandes de financement par rapport à ses consœurs. Cela pourrait s'expliquer par le fait que cette institution financière ait repris sa vocation initiale, à savoir le financement de l'agriculture. En termes plus clairs, la Badr s'est spécialisée essentiellement dans les créneaux relevant de ce secteur. Elle exprime, par conséquent, une appréhension quant à l'octroi de crédits pour des projets envisagés dans d'autres secteurs dont elle ne maîtrise pas les mécanismes. Néanmoins, la Cnac et l'Ansej ont déposé au sein des 5 banques publiques quelque 50 000 dossiers de demandes de prêts entre 2009 et 2010. Plus de 44 000 ont eu l'aval des banquiers et ont été financés. Parmi ce lot, 34 000 émanent de l'Ansej. Près de 400 dossiers ont été, en revanche, rejetés. Environ 7 800 autres dossiers n'ont pas été traités depuis 5 mois. M. Ahmed Chaouki Taleb, directeur général de la Cnac, a indiqué hier au Forum d'El Moudjahid que les principaux motifs de rejets avancés par les banques ont trait à l'acte de propriété des assiettes de terrain sur lesquelles les projets seront réalisés. Les agences bancaires évoquent également, a-t-il ajouté, le contrat de location qui est en fait lié à l'acte de propriété. Parfois, elles “motivent leur refus de financer le projet pour cause de saturation de créneau d'activité”, a-t-il précisé. Pourtant, à la faveur des décisions prises au cours d'un Conseil interministériel, tenu en juillet 2008, un comité de suivi, de sélection, de validation et de financement a été créé. C'est à cet organisme qu'échoit l'approbation ou non des dossiers de projets. Une fois accepté, le dossier de demande n'est pas déposé à la banque par le promoteur lui-même, tel que cela se faisait auparavant. Cette mission est confiée, au contraire, à un des éléments de ce comité. Compte tenu de la composante humaine émérite de cette commission, ses décisions concernant la viabilité des projets devraient en principe convaincre les banques. Autrement dit, si les membres du comité valident un dossier cela voudra dire que le projet est réalisable et viable. Les agences bancaires devraient, par voie de conséquence, accorder le crédit. Or, force est de constater que les banquiers prennent beaucoup de temps pour répondre. Pis, parfois, ils rejettent carrément la demande. Et ces jeunes promoteurs “déchus” viendront forcément grossir les rangs des chômeurs.