La création d'une moyenne annuelle de 40 000 micro et petites entreprises à travers les dispositifs Ansej et Cnac ne semble pas réalisable au regard du rythme actuel. Entre les accusations des responsables des dispositifs de financement des projets de jeunes (l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes, Ansej) , la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) et les arguments techniques des banques, la création des petites entreprises en Algérie est au ralenti, malgré la nette évolution entre 2009 et 2010. Normalement, lorsqu'un projet est validé par le Comité interministériel d'évaluation il sera automatiquement accepté par la banque, a indiqué hier Abdelhak Taleb, directeur général de la Cnac. Intervenant à la rencontre portant sur le microcrédit, organisée au forum d'El Moudjahid, le même responsable est revenu sur les projets financés dans le cadre de ces deux dispositifs. Sur 50 000 dossiers déposés, 44 000 ont été financés entre 2009 et 2010. L'Ansej finance une moyenne de 60 projets par jour, a relevé, pour sa part, M. Chaalal, secrétaire général de l'Ansej. Quant au nombre de dossiers rejetés par les banques, il est de 387 entre 2009 et 2010. Il y a une semaine, le ministre du Travail, Tayeb Louh, avait demandé aux responsables locaux du secteur de l'emploi d'élaborer des rapports détaillés concernant le refus des banques de dossiers de projets déposés par les jeunes au niveau de l'Ansej et de la Cnac. Or, en comparant le nombre de dossiers financés à ceux rejetés, le taux de projets qui n'ont pas décroché un financement est faible. «Et c'est normal», a répondu Nacer Hideur, secrétaire général de la banque Al Baraka d'Algérie. Les banques doivent respecter les règles prudentielles Avant d'accuser les banques d'avoir rejeté les dossiers de crédit formulés dans le cadre des deux dispositifs, il est indispensable de s'assurer de la pérennité des projets et de la capacité des jeunes promoteurs de rembourser les crédits alloués. Une étude sur la longévité des entreprises des jeunes promoteurs ainsi que sur l'impact social réel des projets sont également indispensables. Pour ce banquier, même si les projets ont été validés par le Comité interministériel, les banques ont le droit de faire leur propre étude des projets. La principale banque qui bloque les projets des jeunes promoteurs est la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), a relevé M. Taleb. Sur 10 730 dossiers déposés, la Badr a financé 7000 projets entre 2009-2010. Pourtant, l'Ansej et la Cnac misent sur cette banque en raison de son large réseau d'agences surtout au niveau des Hauts Plateaux et au sud. Les projets des jeunes rejetés par cette banque, explique M. Taleb, ont des problèmes qui ne sont pas liés forcément aux règles prudentielles. Elles relèvent plutôt de l'environnement économique du projet. Plus explicite, il avance que certains projets ont été rejetés en raison de l'absence de l'acte de propriété du bien qui devra accueillir le projet. Certaines régions ne sont pas cadastrées au moment où d'autres biens immobiliers sont dans l'indivision. Ces contraintes sont en cours d'étude entre les banques et les deux agences de financement des jeunes promoteurs. Ce que n'admet pas le premier responsable de la Cnac ce sont les longs délais observés par les banques pour étudier les dossiers. Pas moins de 7600 dossiers ont été traités dans un délai allant de 3 à 4 mois alors que la réglementation le fixe à deux mois. Pour pérenniser les petites entreprises, M. Taleb a fait appel aux responsables des collectivités locales afin de leur assurer un plan de charge. Il citera le cas des entreprises de nettoyage dont certaines peinent à travailler alors que les communes sont dans un état d'insalubrité qui nécessite l'engagement de ces petites entreprises. «Les collectivités locales doivent prendre en charge les promoteurs de leur commune», a-t-il proposé.