À l'initiative du collectif Forum-Kabylie et du Centre de documentation des droits de l'Homme (LADDH) de Béjaïa, la salle des délibérations de l'APC d'Akbou a abrité, hier, les travaux d'un colloque consacré à “la liberté de conscience et de culte”, auquel ont pris part de nombreux citoyens de la région. Le choix de la date, du lieu et surtout de la thématique d'une telle rencontre n'est guère fortuit, puisque celle-ci intervient à la veille d'un événement qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et de salive dans la région de Kabylie. À savoir, celui du procès des non-jeûneurs d'Ighzer Amokrane qui s'ouvrira demain, au tribunal correctionnel de la ville d'Akbou. Parmi les animateurs de ce colloque, on citera Saïd Salhi, responsable du bureau de LADDH de Béjaïa, Aziz Tari, un ancien détenu d'Avril 1980 qui dirige le collectif Forum-Kabylie, Sofiane Adjlane, l'un des principaux délégués du mouvement citoyen dit des archs… “Cette rencontre constitue un cadre de discussion et un espace de débat, où s'expriment la résistance et le refus de la soumission pour sortir du silence cette chape de plomb qui pèse sur les citoyens et apporter par la même occasion un soutien aux victimes de l'intolérance”, lancera d'emblée, le représentant de la LADDH, qui invitera l'ensemble des présents à “s'impliquer dans les débats et à se mobiliser pour briser les murs du silence, dénoncer les injustices de l'histoire et réfléchir ensemble de manière à converger dans leur combat pour sortir de cet état de fait imposé à tous”. Les différents intervenants ont été unanimes à condamner ce qu'ils qualifient d'“agressions répétées contre les libertés”. Ce qui constitue, à leurs yeux, “une atteinte flagrante aux droits humains”. Pour eux, “ces procès en cascade à l'encontre des non-jeûneurs ou encore la récente propagande distillée autour d'une soi-disant campagne d'évangélisation de la Kabylie sont autant d'indices de la gravité des atteintes aux droits de l'Homme et du non-respect des libertés individuelles dans le pays en général, et dans notre région en particulier”. Ainsi, les organisateurs de ce colloque tiennent à dénoncer vigoureusement “la campagne d'acharnement visant la destruction des valeurs traditionnelles de tolérance de la population avec cette mascarade de procès engagés à l'encontre des non-jeûneurs dans un climat alimenté par un discours d'intolérance et de haine”. D'où la nécessité impérative, soulignent-ils, “d'ouvrir un débat serein et pluriel pour réaffirmer l'attachement de notre région aux valeurs démocratiques et à un monde fondé sur la pluralité, la diversité et l'émancipation de l'homme”. À noter que certains citoyens de confession chrétienne, qui sont venus assister à cette rencontre-débat, ont pris la parole pour faire part des persécutions dont ils font preuve constamment dans leur pratique de culte. “Le droit de culte est carrément bafoué dans ce pays. Les libertés individuelles, pourtant consacrées dans la Constitution algérienne, sont sérieusement menacées aujourd'hui. On doit tous se mobiliser pour faire barrage à tous ces inquisiteurs et autres obscurantistes”, a déclaré un jeune Akboucien devant une assistance très attentive. Il faut souligner qu'à l'issue de ce colloque, premier du genre dans la région, il a été décidé d'organiser demain matin un sit-in devant le tribunal d'Akbou, à l'occasion de l'ouverture du procès des non-jeûneurs d'Ighzer Amokrane, poursuivis pour “atteinte aux préceptes de l'islam”.