La plupart des unités privées de transformation de lait sont à l'arrêt et les 10 000 travailleurs qu'elles emploient sont au chômage, a-t-on appris hier auprès de plusieurs dirigeants de ces entreprises dont certains s'apprêtent à saisir les Inspections de travail pour mettre en application des plans sociaux. “Nous sommes à l'arrêt depuis dix jours et nous avons renvoyé 200 travailleurs chez eux à cause du manque de la poudre de lait”, nous a affirmé le responsable de l'unité Monlait de Oued-Smar. Même situation depuis à l'unité Bettouche de Dergana. En plus des 400 travailleurs qui sont au chômage, une centaine de distributeurs ont observé hier matin un sit-in devant le siège de l'usine pour protester contre le manque de poudre de lait. “C'est devenu insupportable pour nous, pour nos familles et pour les citoyens”, nous a affirmé un distributeur de Dergana (Alger). À Boudouaou, les 40 travailleurs qu'emploie Coprolait ont été mis au chômage technique par les responsables de cette unité qui ont déjà proposé un plan social pour l'Inspection du travail de Boumerdès. “L'usine est fermée et nous avons épuisé nos stocks de sécurité”, nous a indiqué le dirigeant de Coprolait. À l'est du pays comme à l'Ouest, la plupart des unités ont également jeté la clé sous le paillasson. “Nous avons résisté quelques semaines mais, au point où nous en sommes, on est obligé de renvoyer les employés”, nous a indiqué un responsable d'une unité basée à Oran. Les transformateurs de lait se sont interrogés sur les restrictions imposées aux unités privées pendant que les unités publiques sont approvisionnées régulièrement en poudre de lait. “Pourtant, nous employons des Algériens et notre production est achetée par des Algériens”, s'insurge un responsable d'une unité du Centre. Par ailleurs, à Tizi Ouzou, la laiterie de DBK est à l'arrêt depuis le 1er novembre dernier en raison de son non-approvisionnement en matières premières. Cette tension a provoqué l'ire du bureau exécutif de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui a décidé d'un rassemblement devant la laiterie. Quelque 75 distributeurs de lait avec leurs moyens de transport se sont retrouvés hier devant l'enceinte de l'unité. Une réunion improvisée par le bureau de l'UGCAA dans une salle de l'entreprise a permis aux divers distributeurs d'exprimer leur inquiétude devant cet arrêt de l'activité des distributeurs, sur l'existence de quelque projet de mise au chômage des ouvriers chez les distributeurs et dans l'unité, faisant part de leur doute quant à l'origine du manque de poudre de lait. Des intervenants se sont dits pourquoi avant la privatisation de l'unité, il n'y avait jamais eu de manque de poudre de lait ? Un autre fera remarquer qu'il revient au responsable de l'unité (absent à la réunion) de saisir ses approvisionneurs, en l'occurrence l'Onil (Office national interprofessionnel des laits) sur ce problème. Des distributeurs pensent que le quota devant revenir à la laiterie serait “détourné” au profit d'autres producteurs. Un membre du bureau de l'UGCAA a appelé à l'ouverture d'une enquête à ce sujet afin de déterminer l'origine de la crise. Quelque 350 ouvriers de la laiterie et 76 distributeurs de lait et leurs sous-traitants ou employés, sont à présent réduits au chômage forcé. Par ailleurs, un distributeur de lait venant de Boumerdès met quasiment chaque matin dans la ville de Draâ-Ben-Khedda du lait pasteurisé à la disposition des citoyens de la localité. Ces derniers font la chaîne au point improvisé pour la vente au centre-ville, sur l'artère Colonel-Amirouche à raison de 25 DA le litre les premiers temps, avant de porter ce tarif à 35 DA le litre, non sans une interminable chaîne.