Les laiteries affiliées à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) ont toutes dénoncé le système de quotas appliqué par l'Onil dans l'approvisionnement en poudre de lait. Les producteurs de lait en sachet se disent insatisfaits du travail de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) et font appel, encore une fois, à l'intervention du chef du gouvernement pour sauver « le peu de producteurs qui résistent toujours aux difficultés auxquelles fait face la filière ». Réunies hier en assemblée générale extraordinaire à Oued Smar (Alger) pour débattre des contraintes rencontrées dans leurs relations avec l'office, les laiteries affiliées à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) ont toutes dénoncé le système de quotas appliqué par l'Onil dans l'approvisionnement en poudre de lait. « Les besoins des 78 unités de production privées en matière première sont estimés à 5700 tonnes mensuellement. L'ONIL n'en a mis à la disposition de ces producteurs qu'environ 3000 tonnes. Les laiteries se retrouvent de ce fait réduites d'environ 60% de leurs capacités réelles de production », affirme Abdelwahab Ziani, président de la Fédération de l'agroalimentaire affiliée à la CIPA. « Le gouvernement a donné une mission bien précise à l'ONIL, celle d'assurer l'approvisionnement en poudre de lait aux producteurs privés et publics. La nôtre est de l'accompagner dans ce travail mais aussi de le dénoncer s'il venait à faillir à sa mission », souligne le même responsable. Le nouvel office est entré en fonction en janvier 2008. Il avait entamé en octobre 2007 une première opération de recensement des fournisseurs, notamment des importateurs, pour constituer sa base de données. « Une accusation infondée » L'Onil hérite ainsi des prérogatives d'autorité de régulation que remplissait le groupe public Giplait à travers sa filiale d'importation Milk Trade. Mais les griefs retenus contre lui par les opérateurs privés sont de nature à perdurer la crise du lait que connaît le pays et à décourager les producteurs. « Comment expliquer que les unités publiques de production sont régulièrement approvisionnées en quantités suffisantes, alors que le privé est soumis à des quotas l'obligeant à réduire sa production et mettre une grande partie de ses travailleurs au chômage », s'interrogent les responsables des laiteries. Pour eux, vouloir barrer la route aux « supposés spéculateurs qui seraient en train de revendre la poudre de lait sur le marché informel » ne justifie pas le système de quotas imposé. « C'est une accusation infondée. Nous n'arrivons même pas à satisfaire nos besoins en matière première. Comment penser alors à revendre la poudre sur le marché informel », s'indignent les producteurs. L'Onil, qui a repris les stocks des laiteries, revend aujourd'hui la poudre de lait à 159 DA le kilo. Il accuse certains opérateurs de « verser dans la spéculation » et se voit obligé de « rationner » les approvisionnements destinés aux unités de production privées. L'Algérie importe en moyenne pour 600 millions de dollars par an de poudre de lait. Quant aux besoins annuels du marché, ils s'élèvent à près de 3 milliards de litres dont à peine 800 millions de litres sont assurés par la production locale. Le gouvernement reste inflexible sur sa position de maintenir le litre de lait pasteurisé à 25 DA le sachet. Il destine l'ensemble des budgets alloués à combler le différentiel entre le prix administré et le prix réel. Cependant, les opérateurs privés ne voient rien venir. Ils affirment que les subventions des mois de novembre et décembre 2007 promises par l'Etat n'ont pas été versées. « Au train où vont les choses, et avec toutes les pressions que nous subissons de la part des banques, c'est inévitablement vers la faillite que nous nous dirigeons », assurent les producteurs. Notons qu'une deuxième rencontre des délégués régionaux de la confédération des transformateurs de lait privés se tiendra la semaine prochaine, où il sera question d'arrêter les actions à entreprendre pour mettre un terme à la crise qui prévaut dans le secteur. Selon M. Ziani, « tous les moyens de protestation seront discutés, y compris la grève ».