La sanglante intervention des forces armées marocaines contre les Sahraouis du camp de Gdeim-Izik à al-Ayoune, devenue un sujet de préoccupation de la communauté internationale, a fait réagir de nombreuses instances et capitales, dont Madrid qui a appelé l'organe exécutif de l'ONU à intervenir. Alors que la situation sur le terrain est encore floue, car Rabat a verrouillé le passage vers al-Ayoune en empêchant tous les médias ou observateurs désireux de s'y rendre, notamment les journalistes espagnols et le député français Jean-Paul Lecocq refoulés de l'aéroport de Casablanca, l'ONU s'est saisie du dossier d'autant plus que cette agression des forces marocaines contre les civils sahraouis a coïncidé avec le nouveau round de discussions informelles entre le Maroc et le Front Polisario. Mais avant même que l'instance onusienne ne réagisse, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Trinidad Jimenez, a appelé, lundi depuis La Paz où elle effectue une visite officielle, à “l'intervention du Conseil de sécurité” de l'ONU dans la crise provoquée par l'agression perpétrée lundi par les forces armées marocaines contre le camp sit-in de Gdeim-Izik causant des morts et des centaines de blessés parmi les sahraouis. “Il s'agit d'une question d'étendue internationale que le gouvernement (espagnol) ne peut traiter bilatéralement avec Rabat et pour laquelle on doit convoquer le Conseil de sécurité”, a déclaré la nouvelle chef de la diplomatie espagnole dans une déclaration à la presse en Bolivie, appelant au passage les parties en conflit au “calme et au dialogue”. Par ailleurs, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué hier que la France a regretté la “surprenante” décision marocaine de refoulement lundi d'un député français qui voulait se rendre au Sahara occidental et a demandé des explications à Rabat. Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a déclaré lors d'un point de presse : “Nous regrettons cette décision de refoulement et nous en avons informé l'ambassadeur du Maroc en France.” “Nous lui avons demandé des explications sur cette décision surprenante envers un membre de notre représentation nationale”, a-t-il affirmé avant d'ajouter que : “Le directeur de cabinet du ministre s'est entretenu avec le député communiste Jean-Paul Lecoq”, a précisé le porte-parole. Dans le même ordre d'idées, il a ajouté : “Nous déplorons les heurts qui ont opposé les forces de l'ordre marocaines hier à un groupe de civils à al-Ayoune”, et “nous soulignons l'importance qui s'attache à tout mettre en œuvre pour éviter de nouvelles violences”. Le responsable français estimera que “plus que jamais, il convient d'accélérer les efforts en vue d'une solution politique”. À New York, où s'ouvrait une réunion de deux jours pour discuter de l'avenir du territoire du Sahara occidental, les Nations unies ont regretté l' “incident meurtrier” dans un camp au Sahara occidental, et ont appelé les parties à faire preuve de retenue. “Les informations disponibles actuellement sur les raisons de cette opération, le niveau de force employé, la réaction des personnes du camp, le nombre de victimes parmi les manifestants et les forces de sécurité, sont vagues et contradictoires. Manifestement, il y a un certain nombre de morts et de blessés que nous regrettons”, a dit, lundi lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky. “Nous appelons les parties impliquées à faire preuve de la plus grande retenue dans les heures et les jours qui viennent”, a-t-il ajouté. La même source a souligné qu'il était “hautement fâcheux” que l'opération ait affecté “l'atmosphère dans laquelle ces pourparlers sont menés”.