“J'ai rencontré l'esprit gnawa de très bonne heure, quand j'étais petite fille et que je voyais régulièrement ma mère pratiquer la transe. Elle entrait lentement dans cette attitude extrême jusqu'à oublier le monde extérieur et ses limites. Je revoyais ces pratiques assez souvent au Maroc dans des lieux différents, et je restais comme marquée par ce glissement dans un monde qui m'échappait”, explique la réalisatrice en début de film. Marquée par ces images d'une mère qui entrait en transe au son de la musique gnawi, une musique qui l'a bercée depuis l'enfance, la réalisatrice est partie à la quête des origines de ce genre musical, ancestral et mystique. Un périple qui la conduit à Sidi Bel-Abbès (Algérie), au Maroc et en France. C'est en compagnie de d'artistes comme Amazigh Kateb — à l'époque du tournage il faisait partie du groupe Gnawa Diffusion — et des maâllem du Maroc, que Rahma Ben Hamou El Madani tentait de percer le secret de cette musique et de ses rites qui se pratiquent selon des codes bien définis. Dans son périple, elle a essayé de recouper toutes les informations possibles pouvant répondre à sa question : pourquoi on entre en transe ? Le manque de documentation et d'information rendait la tâche ardue. Il a fallu rencontrer les initiés, les suivre dans les soirées (lila) et tenter de percevoir ce déclic déclencheur de la transe. Même si à la fin de ce fil, la réalisatrice n'a pu percer le secret de sa quête, ce documentaire a brossé, même si c'est d'une façon globale, l'évolution de la musique qui n'a pas échappé à la modernisation. Une modernisation introduite à travers des instruments de musique modernes (batterie, basse…), sans toutefois la départir de son âme, de son essence. C'est aussi une sorte de parallèle entre le gnawi traditionnel et le nouveau que la documentariste a effectué dans son film. Un parallèle qui a démontré que cette musique ancienne, même si elle était cantonnée dans des régions spécifiques, a su se dévoiler et se faire connaître, au point où actuellement, de nombreux groupes versent dans le gnawi, mais chacun à sa sauce.