Le dispositif de protection sanitaire des ovins a été mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr), il y a quinze jours à travers les quarante-huit wilayas du pays. À vrai dire, cette opération s'effectue durant toute l'année. Le Madr lance, en effet, tous les ans, un vaste programme de prévention et de sensibilisation en direction des éleveurs pour qu'ils prémunissent leurs bêtes contre les différentes maladies. Cette action d'envergure a été ponctuée d'une large campagne de vaccination. Selon une source sûre au ministère, plus de 17 millions de têtes ont été vaccinées entre mars et juillet derniers. Ce qui représente environ 70% de la totalité du cheptel, estimé à plus de 20 millions de têtes. La reproduction ovine a connu, indique la même source, une augmentation sensible. Cela a été le fait de la bonne pluviométrie enregistrée ces trois dernières années dans plusieurs contrées du pays. Les conditions climatiques favorables ont engendré ainsi une alimentation en quantités suffisantes et en qualité souhaitée. Tous ces paramètres ont pu assurer ainsi une grande disponibilité de moutons sur le marché. Ce qui, par voie de conséquence, devrait influer sur les prix de vente. L'équilibre entre l'offre et la demande étant garanti, les tarifs devraient être, en principe, abordables. Or, la réalité du terrain est toute autre. Tous les ingrédients sont pourtant réunis pour que le simple citoyen puisse acheter, immoler son bélier et pratiquer le rite musulman. C'est sans compter sur les nombreux spéculateurs qui ont pris… le mouton par les cornes pour concrétiser quelques affaires avec un opportunisme inélégant. À une certaine période de l'année, l'éleveur veut se débarrasser de son bétail, notamment des agneaux dont l'alimentation cause beaucoup de frais. Il les cède alors à environ 15 000 DA/tête à des maquignons qui les revendent en gros à des prix plus élevés. D'autres intermédiaires prennent le relais. Passant par plusieurs mains, l'ovin arrive donc dans les grandes agglomérations à des tarifs inaccessibles aux bourses moyennes. Les moutons moyens sont cédés entre 23 000 et 30 000 DA. Un sérieux problème d'organisation de marchés à bestiaux se pose ainsi avec acuité. Toutefois, les collectivités locales, en collaboration avec le Madr, organisent à l'occasion de l'Aïd des lieux spécifiques au sein des communes et autres localités. Sur ces emplacements délimités par arrêtés du wali, les ventes réalisées sont réglementaires. Par ailleurs, le ministère de tutelle a mobilisé plus de 1 400 vétérinaires pour assurer le bon déroulement du sacrifice le jour de l'Aïd. Pour cela, tous les Bureaux d'hygiène communaux seront ouverts le jour j. Outre les médecins vétérinaires privés qui sont également sollicités, des équipes itinérantes se déplaceront de quartier en quartier afin de s'assurer de l'hygiène sanitaire des béliers. Néanmoins, sur 20 millions de têtes recensées, la tutelle n'en a vacciné que 17 millions. Ce qui n'est pas négligeable de par la complexité de cette opération et les difficultés qu'elle peut provoquer. Cela suppose que près de 3 millions échappent à ce contrôle sanitaire. L'on peut compter parmi ce troupeau, ceux qui sont acheminés frauduleusement vers les pays voisins à travers les frontières. Même si leur nombre a diminué pour l'année en cours, il n'en demeure pas moins que le cheptel ovin détourné vers le Maroc et la Tunisie est évalué à plusieurs dizaines de milliers de têtes. Si à l'ouest les mouvements sont moins fréquents à cause de la fermeture des frontières et la vigilance des Marocains, ils sont en revanche plus accentués à destination de la Tunisie. Il est à noter qu'en moyenne 3 à 3,5 millions de têtes d'ovins sont sacrifiées chaque année. Les autorités continuent en outre de sensibiliser les citoyens sur la lutte contre le kyste hydatique. Il est recommandé d'égorger le mouton dans les abattoirs, qui seront ouverts le jour de l'Aïd sous un contrôle vétérinaire garanti.