Les révélations de Mohand-Chérif Hannachi vont davantage grossir le dossier déjà suffisamment épais, confié à la justice le 27 septembre dernier par la fédération algérienne de football, suite à des premières déclarations du boss kabyle, jugées “diffamatoires”. En effet, à cette date, l'instance fédérale avait décidé d'ester en justice Hannachi sur la foi de “certains articles de la presse” qui ont rapporté “les déclarations irresponsables et le comportement irrévérencieux de M. Mohand-Chérif Hannachi à l'égard du président de l'instance fédérale et des dirigeants du football national”. D'où, du reste, la première sanction de deux ans prononcée jeudi dernier par la LNF contre le président de la JS Kabylie. Avant de lâcher sa bombe de “tentative de corruption lors du match Al-Ahly-JSK”, Hannachi avait en fait déjà tiré à boulets rouges sur la FAF et son président au lendemain de la réception du fax qui l'invite à payer la somme de 1,1 milliard de centimes pour l'affrètement d'un appareil spécial lors du voyage au Nigeria. “Ce fax est une véritable honte. Au lieu de nous féliciter pour notre participation dans cette Ligue des champions d'Afrique, la Fédération algérienne de football a décidé d'agir autrement en nous demandant de payer les frais du vol spécial”, avait-il martelé. Et d'en rajouter une couche : “Si la FAF refuse aujourd'hui de payer l'avion spécial de la JSK pour le Nigeria, ce n'est pas pour rien. C'est en fait une vengeance pour une raison (tentative de corruption NDLR) que je divulguerai au moment voulu.” Hannachi ne s'est pas limité du reste à égratigner le premier responsable de la FAF, mais il a aussi critiqué les membres du bureau fédéral qui “sous la gestion autoritaire de Raouraoua n'ont pas droit à la parole et qui n'émettent jamais la moindre objection”. Pour la première fois, peut-être, de l'histoire du football national, les algériens sont conviés à une polémique virulente sur fond, sans doute, de règlement de compte, entre deux dirigeants, naguère les meilleurs amis du monde, au “poids” incontestable dans la sphère footballistique et même au-delà. Une polémique qui dépasse désormais le cadre sensationnel d'une presse pas toujours objective pour atterrir sur le bureau du tribunal. Et là, nous ne nous pouvons dire que hourra, à la bonheur ! Car trop d'accusations sont colportées çà et là, tantôt par les dirigeants de la FAF, tantôt par les responsables de club, sans que la justice ne daigne s'auto-saisir de ces affaires scabreuses pour faire toute la lumière. Il n'est pas normal que dans un pays démocratique, comme l'Algérie, la justice reste les bras croisés sur les révélations de la presse surtout lorsque les preuves sont inscrites noir sur blanc à l'image de la dernière enquête que nous publions dans ces mêmes colonnes sur la gestion financière du MCA, ou encore lorsqu'un dirigeant affirme détenir des preuves et mêmes des témoins sur ce qu'il avance. L'affaire Hannachi-Raouroua ne doit certainement pas constituer une forme de diversion par rapport à un mal profond qui ronge le football national, mais une opportunité pour la justice – loin de toute velléité de pression – de crever l'abcès une bonne fois pour toute. Pour que les algériens aient enfin le droit de savoir… la vérité !