En retirant ses ministres du gouvernement, Gianfranco Fini, sulfureux avec son ex-Ligue du Nord mais qui s'est normalisé dans la fonction de président de la Chambre basse italienne, a officiellement déclaré la guerre à Silvio Berlusconi, dont il était le principal allié. Le président du Conseil risque de se retrouver en difficulté dès la semaine prochaine. Sur fond de “crise morale qui frappe l'Italie” avec les scandales sexuels qui impliquent le Cavaliere, mais aussi de détérioration du contexte économique et social, Fini a demandé à ses quatre ministres de laisser tomber l'exécutif. Leurs démissions n'entrainent pas automatiquement la chute de celui-ci mais constituent une étape importante dans l'ouverture officielle de la crise politique. Pour passer à la vitesse supérieure, c'est-à-dire voter la motion de défiance présentée la semaine dernière au Parlement par l'opposition de gauche, Fini a décidé d'attendre l'approbation de la loi budgétaire 2011, à la demande, semble-t-il, du patronat italien. L'effritement politique de la majorité avait déjà suffisamment inquiété les marchés avec des baisses significatives dans la Bourse italienne et les valeurs des sociétés italiennes. Sans compter le fait que les agences de notation européennes sont en embuscade dans le pays, considéré comme un maillon faible, au même titre que la Grèce. Les fonctionnaires de Bruxelles contrôlent régulièrement les comptes de la péninsule. Dans ce contexte, un report de l'approbation de la loi de finances 2011 pourrait les inciter à tirer la sonnette d'alarme, ce qui compliquerait ultérieurement la situation italienne. La loi budgétaire devrait être votée d'ici la semaine prochaine, ce qui accorde un peu de répit à Berlusconi, qui souhaite éviter un retour aux urnes avant l'échéance de la législature en 2013. Avec 34% de consensus populaire, selon un dernier sondage, Berlusconi n'est pas certain de remporter la mise, ou, pour le moins, d'avoir la majorité dans les deux chambres. Remanier son gouvernement, ce n'est plus possible pour lui car les centristes l'ont également laissé tomber pour rejoindre Fini avec lequel ils ont créé Le troisième pôle. Berlusconi joue sur le fait que son ex-allié ne serait pas si intéressé par une vraie mise à plat car la Ligue du Nord, le parti xénophobe et populiste de Fini na de visibilité politique qu'avec Berlusconi ! C'est pourquoi, Fini se complait dans le rôle de conjuré, menaçant de se réorganiser pour former un gouvernement provisoire, voire même une coalition électorale avec le Parti démocrate (gauche) !