Une tuile sur la tête du président du Conseil italien, celle-là très grosse. Son ex-allié, qui l'a quitté en avril pour “turpitudes”, rompt carrément avec lui. Trop, C'est trop. Gianfranco Fini enjoint Berlusconi à démissionner, sinon ses ministres quitteront le gouvernement et bonjour la crise, ce denier ne pouvant pas former de coalition pour rester au pouvoir. Pour l'instant, Berlusconi continue à assurer qu'il n'avait aucune intention de démissionner, estimant qu'une crise politique aurait des effets dramatiques pour le pays aux prises à la crise économique. Fini qui avait cultivé le partage de la péninsule en deux, le Nord riche pour lui et mis le feu aux poudres racistes et xénophobes, préside la Chambre des députés après avoir fusionné il y a deux ans son Alliance nationale avec Forza Italia de Berlusconi, donnant naissance au Peuple de la liberté. Les relations entre les deux alliés se sont ensuite détériorées au point qu'en juillet, Berlusconi l'a exclu de la formation. Une quarantaine de députés et de sénateurs sont restés fidèles à l'ex-chef de file de l'AN, ce qui a mis la majorité parlementaire en péril. Berlusconi, qui dénonce les ambitions personnelles de Fini, a alors menacé de convoquer des élections anticipées, ce dont il s'abstient désormais. Sa cote de popularité n'a cessé de baisser depuis son élection en 2008 alors que l'Italie reste confrontée à une croissance économique faible, à un chômage élevé et à une dette particulièrement lourde. Fini qui cherchait à sortir de l'ombrelle de Berlusconi, a créé et institué dimanche Futur et Liberté pour l'Italie, le parti dont il a parlé après avoir quitté le Peuple de la liberté, la formation de Berlusconi. Fort de 38 députés, son parti peut renverser l'exécutif s'il ajoute ses voix à celles de l'opposition. Fini ne parle plus ouvertement de ses postures traditionnelles, telle, par exemple, son opposition à l'aide au Mezzogiorno (l'Italie du Centre et du Sud), pour ne pas éveiller les soupçons des nationalistes et renforcer l'opposition de gauche. Il n'arrête plus d'évoquer les problèmes privés du président du Conseil et de l'image déplorable de l'Italie à l'étranger. Berlusconi, âgé de 74 ans, est au centre d'une nouvelle affaire de mœurs. Le gouvernement italien peut-il survivre à ces nouveaux déballages ? Gianfranco Fini tient le sort de Silvio Berlusconi entre ses mains. Celui-ci, auréolé de la baraka, compte sur le fait que Fini n'est pas prêt à affronter les urnes, son parti n'étant pas suffisamment structuré. En outre, Fini comme lui ne veut pas endosser la responsabilité de plonger le pays dans une campagne électorale déstabilisante en cette période de crise économique. Ni l'un ni l'autre n'ont donc véritablement intérêt à abréger l'agonie d'un gouvernement pourtant moribond. Reste que les péripéties de la saga des frasques du président du Conseil peuvent à tout moment précipiter la situation. Et les coups de théâtre se succèdent. Ainsi, après Ruby, la mineure que Berlusconi a fait passer pour une parente du président égyptien Moubarak afin de la soustraire à un contrôle de police, les Italiens ont découvert Nadia qui a raconté que de la drogue circulait dans la villa de Berlusconi en Sardaigne ! D'autres escorte-girls milanaises entendues par la magistrature ont également révélé qu'elles possédaient le numéro de téléphone du Cavalieri. La présence constante de jeunes courtisanes dans l'entourage de Berlusconi a été dénoncée par des carabiniers de son escorte ! Ses déclarations homophobes ont surpris et mis dans l'embarras certains de ses plus proches collaborateurs. La nouveauté : Berlusconi fait de moins en moins rire les Italiens, lesquels, il est vrai, appréciaient l'image un peu canaille que leur renvoyait leur chef de gouvernement.