Le conservateur Silvio Berlusconi a obtenu lundi un troisième mandat de président du Conseil avec une majorité plus forte que prévu. Il a aussitôt averti qu'il ne serait pas facile de régler les problèmes économiques et annoncé que les Italiens devaient s'attendre à des "mois difficiles".Selon les derniers résultats communiqués par le ministère de l'Intérieur, la droite italienne recueille autour de 47% des suffrages. La gauche obtient autour de 38%, et son chef de file, Walter Veltroni, a reconnu dès lundi soir sa défaite. Avec un total de 340 élus à la Chambre des députés, qui en compte 630 élus, le Peuple de la liberté (PDL) - nouvelle alliance de droite du "Cavaliere" - et ses alliés de la Ligue du Nord et du MPA disposent d'une solide majorité. La coalition de gauche, qui regroupe le Parti démocrate et le mouvement Italie des valeurs (IDV) de l'ancien magistrat anti-corruption Antonio di Pietro, n'obtient que 239 députés. Au Sénat, qui regroupe 315 membres élus et sept sénateurs à vie, la coalition de Berlusconi obtient 171 sièges contre 130 pour l'alliance de Veltroni. "Les mois et les années qui viennent seront difficiles et je prépare un gouvernement prêt à rester en place pendant cinq ans", a dit Berlusconi intervenant par téléphone lundi soir sur l'antenne de la RAI. On s'attendait à ce que le magnat de l'audiovisuel, âgé de 71 ans, l'emporte aisément à la chambre basse. Sa victoire indiscutable au Sénat est de nature à renforcer sa capacité à mettre en oeuvre les réformes structurelles jugées indispensables pour écarter la menace d'une récession. Par contraste, le gouvernement sortant de Romani Prodi ne disposait depuis 2006 que d'une majorité de deux sièges au Sénat, où il avait été mis en minorité en janvier après 20 mois d'exercice du pouvoir. C'est "le triomphe de Berlusconi", titre mardi le Corriere della Sera. Berlusconi, qui a dirigé le pays durant sept mois en 1994 et de nouveau entre 2001 et 2006, n'a pas lésiné sur les promesses durant la campagne électorale, s'engageant à réduire la dette publique, à diminuer les impôts et à libéraliser le secteur hautement régulé des services. Le "Cavaliere" a déclaré dès lundi que son gouvernement traiterait rapidement le dossier de la vente d'Alitalia et la crise des ordures à Naples. "Je suis ému par le résultat issu de l'élection et par la confiance que tant de citoyens ont placé en moi", a-t-il dit. "Je m'attaquerai immédiatement au problème des ordures et à Alitalia." Berlusconi n'a pas été plus explicite mais n'a pas fait mystère durant la campagne de son hostilité à l'éventualité de voir Alitalia reprise par Air France-KLM. Des dizaines de milliers de tonnes d'ordures s'amoncellent dans les rues de la troisième ville d'Italie et dans ses environs après que les décharges officielles eurent été déclarées pleines. Outre le PDL de Berlusconi, l'autre grand gagnant du scrutin est le parti séparatiste de la Ligue du Nord, qui a pratiquement doublé son score en deux ans: il passe de 4,6% aux législatives de 2006 à plus de 8% au dernier scrutin. Berlusconi a promis au moins deux postes de ministre à la Ligue d'Umberto Bossi. Pour le politologue Gian Enrico Rusconi, de l'Université de Turin, les Léguistes devraient "augmenter le prix de leur coopération". "Je ne pense pas, ajoute-t-il, que le gouvernement Berlusconi sera capable de mener à bien les réformes dont l'Italie a besoin”. La Ligue du Nord est un parti protectionniste." A l'inverse, la "gauche de la gauche" est la grande perdante du scrutin. Exclue du Parti démocrate de Veltroni, la Gauche arc-en-ciel (Arcobaleno) constituée par les communistes et les Verts n'obtient pas le moindre siège. Le nouveau parlement va se réunir pour la première fois le 29 avril. Il lui faudra sans doute plusieurs jours pour élire les présidents des deux chambres et ceux des différentes commissions. Berlusconi ne devrait pas être officiellement président du Conseil avant le début mai. Ce sera probablement le 9 mai qu'après avoir présenté la liste de son gouvernement au chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, il sera investi dans ses fonctions. Il souhaite rappeler à Rome l'actuel commissaire européen de la Justice, Franco Frattini, auquel il confierait le ministère des Affaires étrangères. Giulio Tremonti devrait lui être nommé au ministère de l'Economie. Gianfranco Fini, qui fut le chef de la diplomatie dans le précédent cabinet Berlusconi, prendra selon toutes vraisemblances la présidence de la Chambre des députés.