Longtemps dépourvue d'un instrument d'analyse et de statistiques crédibles, l'économie nationale connaîtra-t-elle désormais le sursaut tant attendu ? L'Algérie sera, enfin, dotée d'un système d'information économique digne de ce nom. Un projet de création de réseaux d'observatoires à travers les différents secteurs sera mis en œuvre prochainement pour mieux évaluer l'évolution de l'économie nationale. Ce qui mettra, par conséquent, un terme à l'absence d'informations fiables et à la persistance de statistiques contradictoires bloquant ainsi les intentions des opérateurs économiques nationaux et les investisseurs étrangers. Sur initiative du ministère de la PME-PMI, un comité intersectoriel a été déjà installé en février dernier. Cette commission regroupe onze ministères et six institutions s'occupant des statistiques, telles que l'ONS, le CNIS, le CNRC, la CNAS, la Casnos… Ce projet, estime M. Benbada, ministre de la PME, nécessite un travail de longue haleine et s'inscrira dans la durée. Des “sous-projets” sont parallèlement lancés, notamment des enquêtes sur les branches de l'agroalimentaire, de la chimie-pharmacie et des matériaux de construction, et d'autres, tels que le réseau intranet, la représentation locale de tous les secteurs d'activités. Le ministre a, à ce propos, constaté le peu d'animation qui caractérise les directions locales à travers toutes les wilayas. Un décret exécutif est d'ailleurs sérieusement envisagé, pour la mise en place de directions locales du secteur de la PME. Ce dernier, comme l'a si bien souligné le Premier ministre, n'arrive pas à se mettre sur la voie du développement. Au cours de l'assemblée générale constitutive du Conseil national consultatif (CNC) pour la promotion des PME, tenue hier à l'hôtel Hilton, le Chef du gouvernement a avancé le chiffre de près de 200 000 petites et moyennes entreprises formellement recensées, qui ont vu le jour dans des circonstances difficiles, marquées par les effets du terrorisme et les méfaits de l'ajustement structurel. Cependant, le manque de communication mutuelle entre pouvoirs publics et opérateurs économiques n'a pas encouragé l'émergence, voire l'évolution de ces entreprises. C'est à partir de ce constat qu'il a été décidé de pérenniser, en l'instituant, le dialogue entre les différents intervenants dans la vie économique du pays. Le CNC pour la promotion de la PME se veut, en fait, un espace officiel et permanent de concertation entre les opérateurs économiques et sociaux et les pouvoirs publics. Des études dans divers domaines seront également confiées à des experts qui feront partie de cette instance de consultation. La création de ce Conseil, faut-il le préciser, est l'une des dispositions de la loi d'orientation pour le développement des PME du 12 décembre 2001. Un décret exécutif portant gestion du CNC a été ainsi signé en mars 2003 par le ministre de la PME. Cet organe comptera 100 membres dont 10 experts. Il sera composé de représentants d'organisations patronales, d'associations professionnelles et des partenaires sociaux. Cette démarche a pu drainer, selon le ministre, quelque 27 associations professionnelles. Quatre sièges sont en outre réservés à la Centrale syndicale. Parmi les objectifs assignés à ce Conseil, on note la création d'une Fédération nationale des organisations patronales. Le CNC sera désormais un organe que consultera le gouvernement à la veille de chaque tripartite. “Nous aurons notre mot à dire lors des prochaines tripartites, mais pas celle d'octobre prochain”, affirmera M. Benbada. B. K. Programmes de développement nationaux entre 1999 et 2004 Un coût de près de 40 milliards de dollars Dans son allocution, le Chef du gouvernement a avoué que les programmes de développement nationaux sont importants et s'évaluent actuellement à près de 40 milliards de dollars sur la période de 1999-2004, soit plus de 3 000 milliards de DA de dépenses d'équipement. Néanmoins, regrettera-t-il, ces efforts ne s'accompagnent pas d'un développement comparable du tissu des entreprises dont le manque s'est fait sentir, notamment lors du séisme du 21 mai dernier. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia estime que les dépôts bancaires s'élèvent à des centaines de milliards de DA et les taux d'intérêts ont baissé plusieurs fois sans que les projets d'investissement suivent. 188 564 PME déclarées En marge des travaux de l'AG constitutive du Conseil national consultatif, le ministre a avoué que 188 564 PME sont déclarées, tandis que des dizaines de milliers d'autres activent d'une manière informelle. Critères définissant une PME L'un des critères qui définissent la PME, selon la loi d'orientation, a trait à son effectif. Pour une petite entreprise, le nombre de travailleurs doit se situer entre 10 et 49 personnes et la moyenne (entreprise) entre 50 et 250 employés. Le second critère concerne le bilan et le chiffre d'affaires qui doit se situer dans la fourchette de 2 millions de DA et de 200 millions de DA. Pour qu'une PME soit reconnue en tant que telle, elle doit également être indépendante. En d'autres termes, elle ne doit pas dépendre d'une autre entreprise-mère. B. K.