Des saisies record d'argent en espèces, dont le dinar algérien, la livre sterling et les monnaies égyptienne et tunisienne. Le reste a été blanchi par l'achat de locaux commerciaux et des villas à Alger. Des Algériens, des Coréens et des égyptiens ont été arrêtés. Le “cerveau” de la filière est en fuite. Ce qui n'était au départ qu'un simple renseignement sur l'existence d'une filière de trafic de devises dans la prestigieuse localité d'Hydra, sur les hauteurs d'Alger, s'est finalement avéré une grosse affaire qui dépasse l'acte du simple change puisque l'arrière base exerce avec un important réseau international de fuite de capitaux et de mouvement illégal de devises. L'affaire confiée à la section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN), relevant du groupement de la wilaya d'Alger, a, en effet, démontré que la filière spécialisée dans la vente de téléphones mobiles et autres accessoires, possède des ramifications tant en Algérie qu'en Europe et en Amérique. L'enquête enclenchée en 2009 a abouti, dans un premier temps, à la découverte de dizaines de swift prouvant le transfert de la coquette somme de 320 milliards, soit l'équivalent de 26 millions d'euros, vers l'étranger. La chose confirmée, les enquêteurs pousseront encore le bouchon et butent sur des sommes astronomiques dissimulées dans des coffres-forts. La perquisition des lieux aboutira ainsi à la récupération de 50 000 euros, de 70 000 dollars US, de 2,5 milliards (en dinars algériens). Et ce n'est pas tout ! Le local commercial ressemblait à une succursale bancaire. En effet, 3 machines, des compteuses de billets de banque, 2 coffres-forts bourrés de dinars et de devises, un autre coffre-fort plein de swift prouvant aussi le transfert frauduleux de devises en Turquie et en Tunisie et, enfin, diverses monnaies étrangères (dollar canadien, livre sterling et monnaie égyptienne) ont également été récupérées. Ces sommes colossales – celles qui ne sont pas transférées à l'étranger – sont toutes “investies” en Algérie. Elles sont tout simplement blanchies dans l'achat de locaux commerciaux et l'acquisition d'appartements et de villas dans une dizaine de localités de la capitale comme Hydra, Ben Aknoun, Bouzaréah, Bir-Mourad-Raïs, Ouled Fayet et Bouchaoui. Les enquêteurs de la SRGN ont réussi à identifier la tête du réseau, répondant aux initiales M.N., et âgé de 40 ans. Celui-ci, actuellement en fuite, fait l'objet d'un mandat d'amener et frappé d'interdiction de quitter le sol algérien. Mais ce “cerveau” ne travaille pas seul. Il y avait 11 personnes impliquées, dont des égyptiens et des Coréens. L'affaire clôturée, les mis en cause ont été présentés le 11 novembre dernier devant la justice qui a prononcé le mandat de dépôt pour 4 trafiquants, le contrôle judiciaire pour 6 autres et une citation directe à une autre personne. Selon les enquêteurs de la SRGN, les investigations sont toujours en cours, d'autant que le principal mis en cause est en fuite. Son arrestation et son exploitation aboutiront sans doute à d'autres révélations. Et le verdict ne sera que sévère au vu des chefs d'inculpation retenus contre les éléments de cet important réseau. On citera, entre autres, le qualificatif d'association de malfaiteurs, de mouvement illégal interne et externe de capitaux, de blanchiment d'argent et violation des dispositions de la loi sur la monnaie. Une chose est sûre, la SRGN du groupement d'Alger a réussi une opération de démantèlement d'un réseau qui a longtemps sévi tant dans le Grand-Alger que dans les capitales européennes, américaines et arabes.