Le trafic de faux billets prend des proportions inquiétantes, nécessitant d'intenses investigations des services de sécurité. Des chiffres et des maux. Les saisies se suivent mais ne se ressemblent pas. Le marché de la contrebande prend de l'ampleur. Le trafic de faux billets prend des proportions inquiétantes, nécessitant d'intenses investigations des services de sécurité. Certes, ces derniers réussissent à démanteler des réseaux et à saisir d'importantes sommes en faux billets, mais il n'en demeure pas moins que des sommes vertigineuses échappent aux contrôles. Les endroits ciblés pour écouler cette «marchandise» demeurent principalement les marchés du bétail, de gros et de l'automobile, souligne Hadj Tahar, chargé de communication de l'Union générale des commerçants et artisans algériens. S'exprimant, hier, lors d'une conférence de presse, Hadj Tahar, sans avancer le moindre chiffre quant aux saisies de faux billets effectuées au courant de l'année 2008, a indiqué, à titre d'exemple, qu'«au marché de Tidjellabine, on a saisi 25 millions de centimes en une journée». Une somme de 8 millions de centimes en coupures de 1000DA...en faux billets, a été découverte dans une agence BEA située dans le quartier la Verdure, à Batna. Cette affaire a été rendue publique par la presse le mois de décembre 2008. Le mois d'octobre de la même année, les services de sécurité ont réussi à mettre la main sur une somme de 2 millions de dinars en faux billets à Aïn-Témouchent. Durant le mois de septembre 2007, les éléments de la Gendarmerie nationale ont mis fin à un réseau de faussaires. Une saisie record de 6 millions de dollars en fausses coupures de 10 a été effectuée alors. Un Algérien et son complice, un Nigerian, ont été arrêtés. Dans le cadre du crime organisé, précisément la fausse monnaie, la gendarmerie avait arrêté, durant la même année, 145 personnes dont 89 ont été écrouées, impliquées dans 107 affaires. Plusieurs faux billets ont été saisis en monnaie nationale et en devises. Au total, 4677 billets en monnaie nationale ont été saisis représentant la somme de 3.215.100DA pour le premier trimestre 2007. Près de 3000 euros en faux billets ont également été récupérés par les éléments de la Gendarmerie nationale. Le mois d'août de la même année, 14 personnes ont été appréhendées dont 4 écrouées. Chez ces dernières, impliquées dans 12 affaires de fausse monnaie, 2847 faux billets ont été récupérés représentant la somme de 2.842.600DA. Plus de 5 milliards en faux billets ont été saisis en 2006 à Oran uniquement. Pour faire face à ce fléau gangrénant l'économie nationale, l'orateur propose de remplacer le paiement en espèces par le chèque. «C'est la solution idoine pour endiguer le problème des faux billets», atteste-t-il. Une solution à laquelle les pouvoirs publics ont déjà réfléchi. En effet, un projet de décret-exécutif prévoyant l'obligation de l'usage du chèque pour les paiements, devrait entrer en vigueur cette année, avait annoncé le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), Abdelmadjid Amghar. «Le projet de texte en question qui limiterait le montant-seuil des paiements entre 300.000 et 600.000DA au lieu du montant-seuil de 50.000DA fixé par le décret de 2005, abrogé, sera un des mécanismes de lutte contre le blanchiment d'argent et l'économie informelle», avait précisé M.Amghar. «Ces montants seront appelés à être réduits progressivement à mesure que l'on avance dans la mise en oeuvre de l'opération», a-t-il dit, soulignant qu'ils varieront en fonction du statut des utilisateurs, à savoir les opérateurs économiques, les personnes morales, les personnes physiques, les ménages. «Le projet vise à apporter plus de clarté aux opérateurs économiques, à les sensibiliser sur la question de la lutte contre le blanchiment d'argent et les informer sur les risques encourus par ceux qui ne passent pas par les circuits financiers», avait-il ajouté. Il y a lieu de rappeler que le décret définissant le seuil applicable aux paiements devant être effectués par les circuits bancaires et financiers à 50.000DA, avait été abrogé en septembre 2006 avant même d'être mis à exécution, sous prétexte que son application est quasiment impossible. D'ailleurs, comme l'a souligné Hadj Tahar dans son intervention, «la majorité des activités commerciales en Algérie ne sont ni structurées ni organisées.» Et de relever: «60% du marché national du commerce est informel, une situation affectant tous les secteurs». Le mal est profond. Le ver est dans le fruit.