Les centres d'appels permettent aux jeunes de développer l'esprit de compétitivité et d'acquérir de l'expérience pour mieux appréhender le monde du travail L'air de rien, la bâtisse située à Chéraga où se trouve le siège de BK Call Center abrite une niche d'employés spécialisés dans le métier du “phoning”. Barbra, Robert ou encore Mathilde ne sont en fait que Samia, Farouk et Leïla. Ce sont des jeunes étudiants algériens de cette trempe de personnes qui jouissent d'énergie et d'ambition à en revendre. Leur travail dans un call center leur offre l'opportunité d'appréhender le monde du travail avec un esprit de compétition positive cultivé au terme d'une expérience qui vaut, à leur avis, son pesant d'or. Casque à l'oreille et mains sur le clavier, les téléopérateurs sont installés dans un open space. Chacun est occupé à mener une conversation qui ne se confond avec aucune autre. Nous prêtons l'oreille et nous arrivons à capter des phrases de vente ou de téléconseils. Les spécialités sont disposées en blocs dont certains sont alloués à la vente d'assurance animale ou encore au secteur du photovoltaïque et bien d'autres… En intrus, on se permet alors d'écouter la conversation téléphonique qui se déroule entre Barbara et M. Poirot. “Je suis intéressé mais je préfère un complément d'infos par mail si c'est possible”, répondit le client se trouvant en France. En revanche, Barbara s'avère être Samia et elle se trouve en Algérie et son interlocuteur est loin de le deviner. Son français est impeccable et parlé sans accent. Un atout très prisé par les partenaires étrangers qui délocalisent de plus en plus cette activité profitant par la même occasion de la main-d'œuvre moins chère qu'en France. “Dans la boîte, on ne nous oblige pas à emprunter des prénoms étrangers. Nous le faisons de notre propre chef parce que ça nous facilite le contact avec notre vis-à-vis”, nous confie Chafik, étudiant de son état et pour lequel ce travail à mi-temps se révèle être une aubaine. “Comme vous le savez, la bourse d'étudiant est dérisoire et c'est devenu très difficile de trouver du travail temporaire. Le poste chez BK Call me convient parfaitement parce que les horaires sont flexibles et ça me permet de travailler sans négliger mes études”, explique-t-il, soutenant que ça lui ouvre pas mal de perspectives. “L'idée d'intégrer un call center m'a été soufflée par une cousine qui elle aussi a fait un passage par ce centre et ça lui a permis, dès la fin de ses études, de trouver une place de choix dans une multinationale”, reconnaît Leila espérant suivre les traces de sa parente dont l'expérience acquise auprès du call center lui a valu un ticket d'une entrée remarquée dans le marché du travail. Pour d'autres, le passage par les centres d'appels s'avère être une véritable success story dans leur carrière. C'est le cas de Mehdi qui a commencé au bas de l'échelle en tant que téléopérateur pour se retrouver quelques années, plus tard, projeté au sommet de la hiérarchie et occuper aujourd'hui le poste de directeur du centre chez BK Call. C'est aussi le cas de Fifi qui, pour sa part, a débuté sa carrière en tant que téléopératrice aussi pour se voir chargée aujourd'hui de diriger le service. “Je ne compte pas m'arrêter là. Je suis très motivée pour gagner encore des galons et faire carrière”, nous dit-elle, débordante d'ambition. “Notre entreprise compte aujourd'hui 100 personnes reparties sur 30 positions. Le personnel est pratiquement partagé à 50/50 entre permanents et temporaires. Le salaire commence à partir de 25 000 DA sans les primes qui peuvent parfois doubler ce seuil”, nous affirme Guenane Salaheddine, directeur de BK call qui précise, en outre, que l'activité possède un réel potentiel en Algérie. “BK Call prévoit de l'extension et un plus grand nombre de postes d'emploi dans les mois à venir mais les choses auraient pu être meilleures si l'environnement qui entoure cette activité était plus favorable”, a-t-il déploré sans perdre son optimisme de voir les choses s'améliorer, convaincu que l'Algérie finira bien par comprendre que son avenir réside dans le développement des activités hors secteur des hydrocarbures.