On s'en vantait et on en miroitait le profil de la solution radicale et salutaire quant à l'éradication du marché informel qui squatte tout l'espace public au centre de la ville de Mostaganem ! D'ores et déjà, à peine deux semaines après son inauguration précipitée, ses locataires lui ont attribué un nom : l'écurie ! Un qualificatif qui ne tient pas à l'hygiène, mais qui a plutôt trait à la conception de la bâtisse. Faisant office de pavillons, avec une toiture en tôle, les deux grands hangars qui le constituent rappellent les anciennes Coopératives agricoles polyvalentes de services (CAPCS) et leurs structures légères réalisées à la va-vite, dans le cadre de la révolution agraire. Une conception et une configuration qui contrastent nettement avec l'ancien marché couvert hérité de l'ère coloniale, situé non loin de là. Un marché couvert construit quatre-vingts ans auparavant, qui demeure un véritable joyau architectural dont s'enorgueillit encore la ville. Parterre en ciment, mal éclairé naturellement, d'où le recours obligé à la lumière artificielle, aération insuffisante eu égard à la foule de personnes devant être accueillie, stands lugubres et exigus, ne respectant pas les normes ergonomique, obligeant le marchand à se tenir sur la pointe des pieds pour peser et servir ses clients, stalles de passage très étroites pour un marché qui, de par sa mercuriale, est appelé à ameuter une clientèle immense, une architecture sans le moindre attrait d'un quelconque touriste ou visiteur de passage dans la ville, promiscuité contraignante au point de faire du site un terrain de chasse de prédilection pour les pickpockets, sans une moindre vespasienne dont l'omission se traduira par des urinoirs à ciel ouvert improvisés en chaque coin et recoin relativement discret, autant de la part des commerçants qui y ont décroché des étals, que de celle des clients habituels, la nouvelle infrastructure de la commune focalise énormément de critiques. Des critiques et des carences qui, à l'instar du raccordement au réseau électrique ou de l'adduction de l'eau, seront endiguées à plus ou moins brève échéance. Mais il restera toutes celles inhérentes à la conception de la bâtisse. Décidément, le nouveau marché couvert d'Aïn Sefra, pour lequel des milliards de centimes ont été consentis, ne cessera certainement pas de faire parler de lui. Enormément et de sitôt. Dommage pour un pays qui ne manque pas, pourtant, de compétences et d'artistes !