Le pouvoir égyptien, qui refuse la présence d'observateurs étrangers, ne semble point prêt à lâcher du lest à l'occasion des élections législatives du 28 novembre, d'autant plus que les manifestations s'élargissent même au sein de la minorité copte, comme ce fut le cas hier au Caire, où l'un deux a été tué par la police. Au risque de s'aliéner les Etats-Unis, qui ont pressé les autorités égyptiennes d'accepter des observateurs internationaux et estimé que le scrutin devait faire l'objet d'une couverture médiatique libre, L'Egypte refuse toujours toute “ingérence” étrangère dans les élections législatives du 28 novembre. L'annonce a été faite mardi par le gouvernement égyptien, qui a donc réaffirmé son refus d'autoriser la présence d'observateurs internationaux à l'occasion de ce rendez-vous électoral. En marge d'une visite aux Emirats arabes unis du président Hosni Moubarak, un porte-parole du gouvernement a officiellement déclaré : “Nous ne voulons aucune ingérence dans les affaires nationales de l'Egypte. Ce sont les affaires de l'Egypte.” En prenant cette décision d'interdire la présence d'observateurs étrangers, le régime de Hosni Moubarak prend le risque de voir pleuvoir les critiques, surtout si l'opposition crie à la fraude, d'autant plus que ces élections législatives seront particulièrement observées pour savoir quelle place le régime de Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, accorde à l'opposition. Principale organisation d'opposition, les Frères musulmans, qui sont interdits mais contournent la loi en présentant aux élections des candidats sous l'étiquette d'indépendants, contrôlent un cinquième des sièges au Parlement. Ils disent que le pouvoir les empêchera de conserver ce niveau de représentation lors des élections du 28 novembre. Les nombreuses et régulières arrestations de leurs militants, dont 1 200 avaient été arrêtés et empêchés ainsi de faire campagne, montrent à quel point ils indisposent le clan Moubarak. Ceci étant, un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés dans des affrontements au Caire entre la police et des chrétiens coptes protestant contre l'interdiction de construire une église, ont indiqué les services de sécurité égyptiens. La personne tuée est un jeune homme âgé de vingt ans environ, a indiqué la même source, qui a ajouté que plusieurs personnes ont été blessées, sans en préciser leur nombre, et une vingtaine ont été arrêtées. Les affrontements ont éclaté entre des centaines de policiers et quelque 150 manifestants protestant contre l'interdiction de construire une église à Talibiya. Les protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les policiers, qui ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes. “Les gens du quartier se sentent discriminés. Pourquoi nous empêchent-ils de bâtir une église ? Chaque rue a sa mosquée, et il y a une mosquée à côté de chaque église”, a lancé l'un des manifestants, Samih Rachid. Ces heurts surviennent à quelques jours du premier tour des élections législatives du 28 novembre dans le pays. Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes. Ils représentent 6 à 10% de la population égyptienne, dans sa grande majorité de confession musulmane sunnite. Ils se plaignent régulièrement d'être marginalisés au sein de leur propre pays, en particulier pour l'accès à la fonction publique. Ils protestent notamment contre des dispositions légales qui rendent les autorisations pour construire des églises beaucoup plus contraignantes que quand il s'agit de mosquées. Le 16 novembre dernier, des musulmans ont mis le feu à des habitations appartenant à la famille d'un Copte dans un village à quelque 450 km au sud du Caire, à la suite de rumeurs de flirt avec une musulmane.