Discrimination n La minorité copte en Egypte est exclue – de facto – de la vie politique du pays. A l'occasion d'une récente polémique au Caire sur la personnalité de Amr Ibn Al-Ass, l'homme qui a introduit l'Islam au pays des Pharaons au VIIe siècle, un défenseur du célèbre conquérant n'a pas trouvé mieux que cette réplique pour faire taire ses détracteurs : «Que serions-nous sans Amr ?» Des coptes, bien sûr. Rien que de penser à cette éventualité, plus personne n'osera plus se montrer «ingrat» envers l'homme qui a évité «un terrible sort» aux enfants d'Egypte. 15 siècles après l'avènement de l'Islam, les coptes, ces Egyptiens qui ont fait le choix de rester chrétiens, sont toujours mal vus. La discrimination dans tous les domaines constitue leur lot quotidien. Au travail, à l'école, dans l'administration. Que dire alors dans les institutions politiques ? Ils sont tout simplement très peu présents, en dépit de leur nombre relativement important : 6 à 10% des 75 millions d'habitants que compte le pays. Aux dernières législatives trois coptes ont réussi l'exploit de se faire élire. Ce qui constitue «un peu trop» aux yeux des autorités qui n'ont pas hésité à invalider l'élection de l'un d'eux sous prétexte qu'il disposait d'une double nationalité. Ce qui fait qu'aujourd'hui seuls deux députés sur les 444 que compte le Parlement égyptien, représentent cette communauté pourtant forte de 4 à 7,5 millions d'habitants. Il est en, effet, rare, qu'un copte se fasse élire à l'assemblée nationale et le parti au pouvoir pousse parfois la discrimination jusqu'au refus de présenter la candidature d'un seul membre de cette communauté. Des postes considérés comme «sensibles» dans l'administration ne sont pas non plus accessibles aux coptes. La montée de l'islamisme politique ces dernières décennies n'est pas faite pour arranger les choses. La moindre querelle entre commerçants est prétexte à des expéditions punitives, parfois meurtrières. Comme les émeutes de janvier 2000 déclenchées à la suite d'une rixe entre un copte et un musulman au marché d'Al-Kocheh, à 450 km au sud du Caire. Les affrontements entre les deux communautés avaient fait vingt-cinq morts et une quarantaine de blessés, principalement des chrétiens... Ces terribles détails rappellent curieusement le long calvaire des Noirs américains qui viennent de voir, pourtant, un des leurs élu au poste de président. Les coptes en rêvent-ils aussi ? Peut-être, mais ils ont surtout en mémoire l'expérience du plus célèbre d'entre eux : Boutros Boutros-Ghali. Le grand diplomate qui a réussi à se faire élire au poste de secrétaire général de l'ONU, ne rêvait même pas d'occuper celui de ministre des Affaires étrangères de son pays ou de secrétaire général de la Ligue arabe. Sa condition a tracé à son ambition des limites déconcertantes : devenir ambassadeur à Paris. Un poste qu'il n'a jamais obtenu pour des raisons faciles à deviner.