Craintes n La transparence de cette première présidentielle pluraliste continue de susciter des inquiétudes une semaine avant le scrutin du 7 septembre. Ces craintes sont motivées essentiellement par le refus du président égyptien d'autoriser la présence d'observateurs étrangers pour superviser les élections. Et ce malgré les appels dans ce sens aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur du pays. Plaidant en faveur d'une transparence maximale du scrutin, les Américains ont «exhorté le gouvernement égyptien à accepter la présence d'observateurs du scrutin», par la voix du porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Pour les Egyptiens, le fait que le président Moubarak, au pouvoir depuis un quart de siècle, obtienne à 77 ans un cinquième mandat ne semble même pas sujet à discussion, en dépit de l'indéniable percée médiatique d'Ayman Nour, son rival libéral le plus pugnace. «Le processus comptera plus que le résultat», a affirmé Hala Mustafa, rédactrice en chef de la revue al-Dimugratiya, exprimant en raccourci l'opinion des observateurs sur la campagne qui aura aussi été marquée par une témérité de ton. Le syndicat des juges égyptiens va se prononcer vendredi sur un éventuel boycottage du scrutin, estimant que les magistrats ne peuvent assurer loyalement sa supervision. Cette première élection multipartite dans l'histoire de l'Egypte n'est pas sans présenter des failles de taille : outre le fait que seuls les chefs de parti, pour la plupart des quasi-inconnus, ont été autorisés à entrer en lice, il n'existe aucune candidature féminine ni celle d'aucun membre de la minorité chrétienne copte. La presse gouvernementale, qui n'a pas lésiné sur la couverture de la campagne du président Moubarak, lui consacrant cinq fois plus de mots qu'à ses neuf rivaux réunis, envisage déjà son agenda politique d'après-élection. Le quotidien francophone le Progrès égyptien croit ainsi pouvoir annoncer à la une un «sommet» qui réunirait au Caire, peu après le scrutin, le président Moubarak et le président français Jacques Chirac, dont il est proche. Alors que la campagne de trois semaines s'achèvera officiellement dimanche prochain, aucun débat télévisé n'aura pu être organisé entre les candidats. Ceux-ci ont diffusé, à leurs frais, des clips télévisés. Tous les notables civils ou religieux ont appelé à voter pour le président Moubarak, comme le cheikh d'Al-Azhar, le plus haut dignitaire musulman, Mohammed Tantaoui, qui a refusé de recevoir les autres candidats, ou le pope des coptes Chenouda III. Sillonnant le pays sans répondre à une seule question en public, Hosni Moubarak s'est engagé à créer 4 millions d'emplois en six ans, à doubler le plus bas salaire des fonctionnaires et à mettre un terme à 25 ans d'état d'urgence.