Il a beau été le club avant-gardiste, où même le doyen des clubs algériens, la réalité montre que le Mouloudia d'Alger est loin d'être ce club structuré qui n'éprouvera pas de difficultés pour s'aligner sur le projet de la professionnalisation du football national. Pour l'histoire, en 1977, lors de la réforme sportive prônée par l'Etat à cette époque, le MCA, de par l'image qu'il véhiculait, a été bien servi puisqu'il a été confié à la plus grande entreprise industrielle du pays, la Sonatrach, en l'occurrence. Le club est mis à l'abri sur le plan financier, mais c'était de manière précaire et pas du tout étudiée. L'argent coulait à flots, on pouvait gérer sans aucune difficulté le quotidien du club. Malheureusement, de manière fortuite ou tout simplement intentionnelle, les responsables du vieux club algérois n'avaient jamais songé à monter un projet d'avenir qui ferait du Mouloudia d'Alger un label continental, à l'image du club du siècle, Al Ahly du Caire, l'Espérance de Tunis où encore les FAR de Rabat. Pis encore. Avec l'avènement du professionnalisme, les dettes s'accumulent et le MCA n'arrive plus à répondre aux conditions du cahier des charges. Comment peut-on qualifier un club de professionnel, alors qu'au sein de son organigramme on ne trouve pas trace d'un directeur général de la société sportive par actions, surtout après la démission de l'intérimaire, Abdelkader Bouheraoua. La gestion du vieux club algérois est des plus archaïques et se limite à des prises de décision unilatérale. La dette générale du MCA, qui représente 16,4 milliards de centimes depuis le retour du club à la forme civile, avec l'avènement de l'association El-Mouloudia, a affaibli énormément le club. Dans d'autres pays et dans de pareils cas, le dépôt de bilan deviendrait inévitable et une enquête devrait être diligentée par les services de la brigade financière pour trouver les anomalies dans la gestion financière. De ce fait, celui qui devait constituer la locomotive du football algérien se dresse comme épouvantail devant les investisseurs, qui souhaiteraient faire partie des ambitions du MCA. Ces derniers, et c'est tout à fait légitime, refusent de s'aventurer dans un projet aux lendemains incertains. Désormais, le MCA est en train de charrier une image négative, celle d'un club à hauts risques. Il est vrai que ce n'est pas du jour au lendemain qu'on parviendra à professionnaliser le Mouloudia. Il y a des étapes à franchir et des paramètres à réaliser. Les pouvoirs publics ont obligé les clubs à se conformer aux cahiers des charges dès cette saison, mais il faut reconnaître qu'aucun club n'a répondu aux conditions. L'ouverture des capitaux aux investisseurs reste le seul moyen pour que le MCA sorte la tête de l'eau. Mais l'entêtement de certains actuels dirigeants repousse les prétendants. L'exemple de Mourad Louadah et de Ali Haddad reste édifiant. Ces derniers sont annoncés au sein de la nouvelle direction et affichent leur intérêt pour s'engager dans la SSPA-Le Doyen, mais ils attendent que la situation soit plus claire. Le problème financier constitue l'actualité du Mouloudia. Un club professionnel doit verser des salaires à ses employés. Ce n'est pas le cas au MCA. Le budget accordé à la formation n'existe pas. D'ailleurs, comment peut-il exister du moment que le Doyen des clubs algériens est sans domicile fixe ? Comment peut-on professionnaliser un club alors qu'il n'a même pas un stade pour accueillir ses adversaires ? Les habitudes et les mentalités n'ont pas changé et c'est le point qu'il faut impérativement régler. Il n'y a pas de recette magique pour devenir professionnel. Il y a des démarches à suivre et des exigences à remplir. Et si le MCA arrive à remplir ces exigences, on pourra parler du professionnalisme. Mais jusqu'à maintenant, il faut reconnaître que le professionnalisme se trouve à mille lieux du Doyen.