Les dockers n'ont pas eu beaucoup de mal à faire débarquer les quelque 400 génisses pleines, arrivées jeudi au port de Béjaïa. La raison ? La laiterie Soummam, la société importatrice, a déjà réceptionné, en mars dernier, un premier arrivage de 407 génisses. Tout le monde a été mobilisé pour la réussite de l'opération, depuis le docker jusqu'aux vétérinaires, en passant par les douaniers, les transitaires, etc. Et pour l'année 2011, les dirigeants de Soummam prévoient un achat groupé de 1 000 autres génisses pleines. Pourtant, sur le marché international, il faudrait toute l'expérience d'un Laala Alaouchiche, premier producteur laitier à l'échelle nationale en 2009/2010, pour dénicher les races bovines de qualité. Pour le premier cheptel, le chargé de la collecte auprès de Soummam, Ami Laala, a eu à faire sa sélection parmi les races bovines hollandaises. Et cela n'a pas été une sinécure, bien au contraire. “Soummam n'achète pas pour vendre”, a souligné le patron de la ferme école Andless, à Béni Maouche. Allusion aux importateurs, qui inondent le marché d'un cheptel de moindre qualité et qui finit la plupart du temps par être vendu comme viande. Les génisses sont vendues officiellement comme vaches laitières mais qui n'en sont pas. À travers cet important investissement, les dirigeants de la laiterie Soummam espèrent conforter leur position de “leader à l'échelle nationale avec 45% de parts de marché” et s'émanciper de la dépendance vis-à-vis de l'étranger en matière de poudre de lait. La crise que connaît présentement la filière lait en Algérie apporte de l'eau au moulin des dirigeants de l'entreprise pour amener le pouvoir politique à mettre en place une politique publique à même d'encourager les véritables investisseurs. Il y va de l'intérêt du pays, d'autant que les prix sont fluctuants sur le marché international. Pour cette deuxième opération, Soummam continuera à financer des modules de 15 à 40 vaches, voire 60, pour peu que l'éleveur y remplisse les conditions, conformément au cahier des charges établi par l'entreprise en collaboration avec la direction des services agricoles. L'éleveur contractant, qui doit signer un engagement et une reconnaissance de dettes auprès d'un notaire, doit disposer de deux hectares par vache au minimum, de bâtiments dans les normes et respecter scrupuleusement une sorte de “charte d'éthique”. Car “personne n'est à l'abri d'un éleveur indélicat”, a indiqué avec regret, M. Laala Alaouchiche. Un délai de cinq années est accordé aux éleveurs-contractants pour s'acquitter de leur dette. Ils vendent leur production journalière à Soummam mais ils ne perçoivent que 75% du prix arrêté, les 25% restants y sont consacrés au remboursement de leur dû. On y apprend que sur les 50 éleveurs-contractants, localisés dans les wilayas de Béjaïa, Sétif, Bouira et Tizi Ouzou, Soummam n'a rencontré de problèmes qu'avec deux ou trois. Mais, globalement, les résultats sont jugés satisfaisants.