C'est un Belkhadem inquiet qui est venu hier, à Sidi Fredj, présider la réunion des encadreurs de l'opération de renouvellement des instances de base du parti. Accueilli, à l'entrée de l'hôtel Riadh, par des militants opposants, venus notamment de Djelfa et de SaIda, qui brandissaient des banderoles exprimant leur refus de l'exclusion et leurs griefs à l'encontre de la direction du parti, le secrétaire général du FLN a prononcé un discours où la fausse assurance la disputait à la panique, virant parfois à l'invective. Après avoir annoncé que le sommet de l'alliance présidentielle se tiendrait le 18 décembre et que son report était dû à la demande exprimée par le FLN, embourbé dans l'opération de renouvellement des instances, Abdelaziz Belkhadem n'a pas manqué de faire allusion à son “frère-ennemi”, le RND “mes propos s'adressent à ma voisine”, dit-il, accusant indirectement le parti d'Ahmed Ouyahia d'être pour quelque chose dans la crise qui secoue son parti. Tout en reconnaissant la difficulté de choisir les hommes devant diriger le parti, Belkhadem dira que son parti était devant un choix : soit choisir de respecter la démocratie, soit sauver les apparences. Qualifiant les opposants de “satans”, le patron du FLN a estimé que l'opération de restructuration du parti avait pour objectif d'élargir la base électorale du parti. Un objectif loin d'être atteint, au regard des problèmes qu'elle a posés. Belkhadem le reconnaît ouvertement. Mais il tente de justifier ce cuisant échec par une étrange formule : “On devrait savoir, à travers cette opération, les militants qui sont avec nous et ceux qui sont avec d'autres partis.” La boutade lancée, Belkhadem, se reprend “je le répète : cette agitation est un signe de bonne santé du parti. Je ne me suis pas trompé. C'est le seul parti où les gens se bousculent pour adhérer. C'est une ambition légitime, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment du parti”. Belkhadem affirmera que “l'opération de renouvellement, qui devait se terminer le 30 octobre, est toujours en cours et que des recours ont été adressés à la direction du parti, tout en assurant que 1514 kasmas ont été renouvelées et qu'il ne restait que 80 kasmas dans trois mouhafadhas”. Se voulant rassurant, il dira que “la seconde opération, concernant le renouvellement des mouhafadhas devrait se faire durant les mois de janvier et de février. Mais, avant d'y parvenir, un rapport sur le renouvellement des kasmas devrait être présenté à la session du comité central prévue les 23 et 24 décembre prochains”. Belkhadem fera un aveu surprenant, en affirmant qu' “il y a des gens qui ont été élus dans les instances de base du parti, alors qu'ils militent pour d'autres partis ! Je suis contre ceux qui jouent sur deux cordes”, dira-t-il. Le patron du FLN reconnaîtra l'existence de contestations au niveau de la base, mais estimera que c'est “l'avis de la majorité qui prime”, et de lancer des piques en direction de ses détracteurs : “Notre parti n'est pas un parti de factions. Le FLN n'appartient à personne (…) Il ne faut pas utiliser le FLN pour parvenir à des fins de pouvoir. Il ne faut pas cracher sur la main qui vous a été tendue. Le FLN n'est pas la vache à traire, ni une monture à monter. Il est capable de rester sur sa lancée. D'ici 50 ans, personne ne peut le faire bouger.” Estimant que l'action des néo-redresseurs est “inacceptable, parce qu'elle affaiblit le parti et le pays”, Belkhadem dira que la session du comité central devrait être l'occasion pour ceux qui ont des choses sur le cœur, afin de s'exprimer. Qualifiant les nombreuses rumeurs de “pourries”, Belkhadem conclura que le FLN a connu d'autres secousses, refusant de qualifier, en tant que telles, celle qui secoue le parti présentement. En quittant la salle, et devant les militants mécontents qui l'attendaient dehors, Belkhadem perdra son sang-froid. Arguant qu'il avait un avion à prendre, pour ne pas écouter leurs doléances, Belkhadem rétorquera à un militant de Djelfa qui lui parlait de la mascarade des élections dans sa ville, “c'est vous la mascarade !”.