Le Parlement européen, les ONG internationales dont Human Rights Watch et les réels défenseurs des droits de l'homme ont condamné le Maroc et exigent la vérité et seulement la vérité. “Nous sommes en état de guerre.” C'est ainsi que le chef de la diplomatie marocaine a défini la ligne de défense du Makhzen après le massacre d'El-Ayoune. À la veille du passage du Premier ministre marocain à Strasbourg, Rabat ne sait plus à quel ennemi se vouer ! Mohammed VI, étrangement silencieux depuis le 8 novembre, lorsque son armée a taillé en pièces des centaines de Sahraouis à Gdeim-Izik, se réfugie dans le déni et envoie les seconds couteaux essuyer les plâtres de la contestation internationale. Si Hassan II était un admirable joueur d'échecs, force est de constater que son successeur a choisi une stratégie qui risque de condamner le Maroc à terme. D'abord, le palais royal lance dans les rues quelques milliers de manifestants marocains – trois millions selon la police marocaine, la même qui a falsifié les bilans d'El-Ayoune ! – avec l'espoir que l'Europe écoute son message. D'agresseur, le Maroc veut se muer en victime. Ensuite, Rabat va “vendre” l'idée d'un complot qui serait fomenté par les mêmes forces contre lesquelles il est en guerre ! C'est-à-dire l'Algérie, la droite espagnole, les ONG et, accessoirement, le Polisario. Sauf que ces ennemis sont imaginaires et semblent hanter Mohammed VI qui fait une fixation sur tous ceux qui lui portent la contradiction. Enfin, Rabat va encore une fois faire du porte-à-porte auprès de quelques poids lourds de la communauté internationale pour se poser en partenaire fiable et crédible et tenter de minimiser la boucherie de Gdeim-Izik en espérant secrètement que le temps fera son effet. Cette partie d'échecs risquée ne suffira pas cette fois-ci à dédouaner le royaume marocain de ses responsabilités. Le Parlement européen, les ONG internationales dont Human Rights Watch et les réels défenseurs des droits de l'homme ont condamné le Maroc et exigent la vérité, et seulement la vérité. Le Maroc est incapable de la leur offrir car cela mettra en péril, non seulement ce qui lui reste de crédibilité, mais surtout écornera à jamais l'image d'un roi qui se veut “démocrate” (encore un non-sens). Restent quelques inconnues. Le Parlement européen a ouvert la voie à une enquête onusienne. Une brèche qui sera certainement suivie d'effets par les Etats-Unis qui se contentent, pour l'instant, d'observer. La seule planche de salut pour tenter d'effacer des mémoires El-Ayoune viendra, paradoxalement, de Paris. La France, “berceau des droits de l'homme”, a déjà bloqué une résolution de l'ONU condamnant le Maroc et devra justifier, face à une opinion publique internationale médusée, pourquoi elle s'obstine à défendre aujourd'hui les assassins qui ont tiré à El-Ayoune, comme elle l'avait fait, hier, avec les manipulateurs de machettes au Rwanda.