Le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et le Front Polisario ont décidé de revoir leur relation avec la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), tout en réaffirmant leur engagement en faveur d'une solution «pacifique et démocratique» de ce conflit au moyen d'un référendum d'autodétermination «libre et régulier». Dans une déclaration rendue publique jeudi, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a estimé que les relations entre les autorités sahraouies et la Minurso doivent être revues en vue de son implication dans la défense des droits de l'homme au Sahara occidental. «Il est grave et intolérable de voir la Minurso se singulariser parmi les missions des Nations unies pour être la seule qui ne remplit pas l'obligation morale élémentaire d'observation du respect des droits de l'homme comme il lui a été demandé par le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, Amnesty International, Human Rights Watch, le Parlement européen et d'autres organisations, face à la répression et à la terreur coloniale marocaine», a-t-il souligné. M. Ould Salek a affirmé que le peuple sahraoui est aujourd'hui «profondément déçu» et trouve «inacceptable et injustifiable la poursuite d'un tel état des choses». Le chef de la diplomatie sahraouie a déploré la répression sauvage contre la population civile dans les territoires occupés, les disparitions, la torture, les jugements iniques et sommaires, les enlèvements et emprisonnements des défenseurs des droits de l'homme, ainsi que le pillage des ressources naturelles. M. Ould Salek rappelle que ces actes d'une extrême gravité constituent une pratique quotidienne de l'occupant marocain, laquelle se fait au vu et au su de la Minurso». 20 ans de sincère collaboration, mais… Le chef de la diplomatie sahraouie a relevé que le Front Polisario et les dirigeants de la Rasd ont soutenu pendant 20 ans, et de façon sincère, la Minurso afin de l'aider à s'acquitter de sa mission de décolonisation de la dernière colonie d'Afrique. Cependant, a regretté M. Ould Salek, «aujourd'hui, la Minurso n'a pas tenu son engagement». Le Maroc, a encore ajouté le ministre sahraoui, «tente, à l'abri du cessez-le-feu, de pérenniser son occupation avec ses corollaires de répression et de pillage des ressources naturelles du territoire». Ces pratiques se font «avec l'appui d'un membre permanent du Conseil de sécurité qui s'attelle, par tous les moyens à sa portée, à dévoyer le processus de décolonisation du Sahara occidental, à piétiner et bafouer les principes universels du droit international pour couvrir les crimes du Maroc au Sahara occidental», a conclu M. Ould Salek.
Des ONG américaines appellent à la protection des droits de l'homme Les ONG américaines Human Rights Watch (HRW) et Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights (RFK center) ont appelé le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, à soutenir la mise en place d'un mécanisme onusien de protection des droits de l'homme au Sahara occidental. «Nous vous écrivons pour vous demander instamment de soutenir, au niveau du Conseil de sécurité, la mise en place d'un mécanisme onusien, à travers la Minurso, en vue de protéger et de contrôler les droits de l'homme au Sahara occidental», ont souligné les deux ONG dans une lettre adressée à M. Ban. HRW et RFK Center ont rappelé que la mise en place en 1991 de la Minurso avait notamment pour objectif l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, déplorant le fait que «deux décennies après, ce référendum n'ait pas pu encore se tenir». Les organisations de défense des droits de l'homme, à l'instar d'Amnesty International et HRW ont déploré, à maintes reprises les violations des droits de l'homme au Sahara occidental, et dénoncé le fait que le rapport de la mission menée par le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'Onu dans les territoires sahraouis pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme, n'ait pas encore été publié à ce jour. L'ambassade du Maroc en Belgique outrepasse ses missions Le Comité belge de soutien au peuple sahraoui a dénoncé mercredi les manipulations de l'ambassade du Maroc en Belgique qui a ameuté ses troupes pour empêcher une manifestation demandant à ce pays d'accepter que l'observation et le respect des droits de l'homme soient compris dans le mandat de la Minurso. «Nous sommes à Bruxelles dans un espace démocratique où les Belges entendent protester pour défendre simplement les droits des Sahraouis et aussi pour protéger les gens qui font la grève de la faim et qui sont vraiment dans une situation catastrophique sur le plan humain», a déclaré le président du comité, le sénateur Pierre Galand, qui a eu à subir, à proximité de l'ambassade et en présence des forces de sécurité, l'hostilité presque physique et les agressions verbales des manifestants marocains déchainés. «L'ambassade du Maroc a évidemment mobilisé ses troupes pour qu'on ne puisse pas s'exprimer, c'est une autre façon de voir la démocratie», a ironisé M. Galand qui a été forcé d'annuler la manifestation sur conseil des forces de sécurité, et pour éviter la confrontation et protéger ainsi la vingtaine de membres du comité qui ont répondu à l'appel. «Nous ne sommes pas d'accord et nous sommes ici en Belgique et je suis un citoyen belge et j'ai le droit de m'exprimer», s'est insurgé M. Galand, qui a appelé les forces démocratiques en Belgique à assurer la protection et la libre-expression des citoyens.