Résumé : Fettouma est entourée par les voisines. L'une d'elles confirme à lla Kheïra que sa bru est enceinte et qu'elle devrait la faire examiner par lla Taos, l'accoucheuse du quartier. Lla Kheïra, agacée par les conseils des autres, renvoie toutes les femmes à leurs occupations… 28eme partie Les voisines sortirent l'une derrière l'autre, en jetant un regard à Fettouma, qui, plus pâle que ses draps, arrivait à peine à ouvrir les yeux. Sa belle-mère s'approche d'elle et lui chuchote : - Tu n'es pas du tout en état de te déplacer jusqu'en haut du quartier chez lla Taos. Fettouma voulu répondre, mais une nausée lui soulève l'estomac. Lla Kheïra se détourne d'elle et ressortit dans la cour. Elle revient avec un mouchoir et l'imbibe d'eau de roses, avant de le lui déposer sur le front. - Voilà. Comme cela, tu ne vas pas sentir le vomi. Tout à l'heure, j'irai ramener moi-même lla Taos. Ne pouvant pas répondre, Fettouma referme ses yeux et s'endormit. Lla Taos était une petite vieille au visage ridé et au regard perçant. Elle faisait partie du décor du quartier, et les voisins l'avaient toujours connue sous cet aspect sage et rugueux qu'elle affichait. Elle s'approche de Fettouma et lui palpe le ventre, puis remonte plus haut pour palper ses seins. Elle dépose une main connaisseuse sur son front et contemple un moment ses yeux. - Tu es enceinte d'environ deux mois ma fille. Ne t'es-tu donc pas rendu compte ? Fettouma secoue sa tête dans un signe de négation. - Alors, poursuit la vieille dame, je vais te donner quelques conseils que tu devrais suivre à la lettre pour mener ta grossesse à terme. Elle s'essuie les mains avec une serviette et lance : - Dès aujourd'hui, fini pour toi les tâches lourdes. Tu devrais dormir et te reposer au maximum. De temps à autre, tu pourras sortir dans la cour et marcher. Cela t'évitera d'avoir les jambes enflées. Et surtout, il faut bien manger. La nourriture t'aidera à tenir le coup et ton bébé se développera bien. Tu pourras aussi t'exposer au soleil de temps à autre en fin de journée, et chaque soir, tu masseras ton ventre avec un peu d'huile d'olive afin d'éviter les vergetures plus tard. À ce moment, lla Kheïra revient avec du café et des gâteaux qu'elle dépose sur une table basse. - Alors, où en est-elle donc ? demande-t-elle en s'adressant à la vieille femme. - Oh, encore à ses débuts bien sûr. Mais il faudrait qu'elle s'arme de courage pour mener sa grossesse à terme. Je viens de lui prodiguer quelques conseils que, j'espère, elle suivra à la lettre. Lla Kheïra pousse un soupir. - À mon époque, nous menions toutes seules nos grossesses à terme, sans conseils ni complications. Avec cette nouvelle génération, je ne sais plus où nous en sommes. - Ta… ta… ta… Lla Kheïra, as-tu oublié donc ce que tu as enduré durant ta deuxième grossesse ? Si je me rappelle bien, il aurait suffi de peu pour que tu perdes le bébé. - Hum… Oui. Mais ce n'est pas tes conseils qui m'ont sauvée. C'est Si Tayeb qui avait fait appel au médecin français. à suivre Y. H.