Il y a quelques semaines, les habitants de la rue Cavaignac ont inauguré une forme de protesta qui en dit long sur la dégradation de l'hygiène à Oran, en déversant dans la rue Larbi-Ben-M'hidi les déchets ménagers non collectés depuis plusieurs jours. Ce fut là le point culminant d'une situation qui n'a cessé de se dégrader au point d'avoir vu Oran se construire la réputation nationale de la plus sale des villes, amenant le wali fraîchement installé à ne parler plus que de cela. Mise en accusation pour ses défaillances, la commune d'Oran déplorera à chaque fois le manque de moyens pour assurer la collecte des déchets ménagers produits par plus d'un million d'habitants. C'est la division hygiène et assainissement (DHA), placée en première ligne, qui a choisi aujourd'hui de réagir en présentant un état des lieux. Le Dr Brixi, délégué chargé de la DHA, a évoqué, devant la presse, le passif et la situation de blocage qui régnaient depuis un an. Conséquence : “Faute de moyens dans les 43 secteurs de collecte existant dans la commune, seulement 50% des ordures pouvaient être collectés, quand on sait que, quotidiennement en saison basse, les habitants produisent de 800 à 1 200 t/j d'ordures ménagères sans compter les déblais, les déchets inertes et tout ce qui se jette dans la rue, les vieux réfrigérateurs, les meubles cassés...”, dira-t-il. Le parc roulant de la DHA qui, en plus de ses missions d'hygiène publique, de dératisation et de démoustication, et sollicité pour appuyer les autres divisions dans leurs missions, était de 146 camions dont 52 bennes-tasseuses. Or, au 11 octobre 2010, 68% de ce parc roulant étaient en panne contre seulement 18 bennes-tasseuses fonctionnelles. Pour assurer le rattrapage, la commune d'Oran a dû passer par la location de 23 bennes-tasseuses. Aujourd'hui, avec la signature d'une convention avec la SNVI, 15 camions ont été réparés et 41 bennes-tasseuses sont opérationnelles. Pour l'intervenant et compte tenu des données à la disposition de la DHA sur les quantités de déchets à ramasser, ce sont 100 bennes-tasseuses qui sont nécessaires à la ville d'Oran pour assurer comme il se doit la propreté d'Oran. Ces moyens roulants devraient permettre de mieux organiser la collecte des déchets qui se fait de nuit dans 68% des cas. Or, il faudrait passer à 100% de collecte nocturne, seule solution aussi pour amener les citoyens à plus de discipline par rapport au respect des horaires de ramassage. Il sera souvent question du rôle des citoyens et de leur manque de civisme lors de cette rencontre. Par ailleurs, la DHA a obtenu l'aval de l'achat dans un premier temps de 10 bennes-tasseuses mécanisées et 10 autres devraient suivre dès que seront obtenues les autorisations. Ainsi à la fin de l'année, ce sont 50 bennes-tasseuses qui seront opérationnelles pour la DHA. Mais autre aberration, dans ce domaine, le rejet systématique du plan de gestion du personnel de la commune, fait que le seul créneau restant pour assurer la continuité des services administratifs, est de recruter des éboueurs. C'est ainsi qu'aujourd'hui à la commune, l'on trouve des comptables, des cadres, qui font fonction d'éboueur. Dans le même temps, des “réseaux intouchables de recrutement”, qui règnent sur l'APC, permettent à des individus d'encaisser des salaires d'éboueur, alors qu'ils ne travaillent pas et ont même d'autres activités. 28 de ces cas viennent d'être radiés, avons-nous appris encore. Alors le renforcement de moyens annoncés va devoir être suivi d'un assainissement dans ce domaine et par un recrutement de “vrais éboueurs” ayant suivi une formation. Aujourd'hui, les effectifs sont de 215 éboueurs et 400 balayeurs alors que les besoins doivent être multipliés par deux. Pour le Dr Brixi, les efforts de ces dernières semaines sous l'impulsion du wali ont permis une amélioration puisque le taux de collecte a atteint les 70% sur les 10 secteurs urbains dépendant de la DHA, les deux autres restants, Es-Sedikia et El-Emir, ont été sous-traités par l'Epic Oran Propreté. Mais l'avenir de la ville d'Oran en tant que grand centre urbain passe par l'adoption d'un schéma directeur de collecte des déchets qui tarde à voir le jour, l'étude ayant été confiée à l'Agence nationale des déchets qui a fait appel à un bureau d'études marocain depuis mars 2010.