Les garde-côtes ont découvert, avant-hier, non loin des eaux territoriales tunisiennes, quelque 30 kilogrammes de cannabis sous forme de plaques de 100 grammes, apprend-on auprès de Zaïdi Abdelaziz, chef de la station maritime de l'Est. La quantité de drogue en question a été récupérée en mer à 15 miles au nord d'El-Kala (El-Tarf), tout près de la frontière est, par l'unité 356 rattachée à l'unité maritime de la station maritime est, lors d'une patrouille de routine. Il s'agit d'un colis contenant 300 petites plaquettes de 100 grammes. Apparemment, l'acheminement de la drogue en direction des régions de l'extrême nord-est du pays semblent avoir, devant le forcing des différents services de lutte contre ce phénomène, changé d'itinéraire. Ainsi, contrairement au passé où les trafiquants optaient pour la voie terrestre, depuis un certain temps, c'est la voie maritime qui est privilégiée. Cette thèse se confirme de jour en jour. Pas plus tard que la semaine écoulée, au large de cette même wilaya, une importante quantité de drogue a été découverte par des jeunes des localités riveraines un peu partout sur le littoral de la daïra d'El-Kala. Selon certaines indiscrétions, une journée avant la découverte des stupéfiants, des citoyens ont aperçu un bateau en difficulté en rade non loin des côtes où la drogue fut retrouvée. Pour certains, le bateau aurait été contraint, devant une mer agitée, de s'arrêter dans une zone protégée des vents violents, et de peur d'une visite des garde-côtes, les trafiquants ont préféré plutôt se débarrasser de la drogue. Pour d'autres, il s'agit bel et bien d'une livraison ratée en raison de conditions météorologiques défaillantes. Depuis cette découverte, c'est le branle-bas de combat chez les services de sécurité. Selon nos sources, les recherches entreprises depuis auraient permis de récupérer près de 30 kilogrammes de drogue. Un autre colis de 75 kg a été récupéré en avril 2010 du côté de Jijel, rappelle-t-on. Un des enquêteurs des plus avertis dans la lutte contre la drogue à Annaba a estimé que “les filières en charge de l'acheminement des stupéfiants en provenance principalement du Maroc, un des grands pourvoyeurs à l'échelle mondiale, ont changé de stratégie en abandonnant les anciens couloirs (voie terrestre). Aujourd'hui, ils ont plutôt opté pour la voie maritime”. C'est l'avis aussi des services concernés, notamment les Douanes algériennes. Ils indiquent que les réseaux de trafiquants privilégiaient plutôt la voie maritime de l'extrême nord-est, surtout pour l'acheminement de la drogue en direction des grandes villes (Annaba, Skikda, Constantine, Guelma, Souk Ahras et El-Tarf). La raison, avance-t-on, est que la façade maritime d'Annaba, qui recèle des îlots, des criques et des plages d'échouage, permet aux trafiquants de drogue d'évoluer à l'aise et sans contraintes, en dépit d'une couverture sécuritaire du cordon littoral. Mieux encore, on révèle que depuis la présence de flottes américaines dans la Méditerranée, dans le cadre de la lutte antiterroriste, le littoral extrême est du pays est devenu une plaque tournante du trafic mondial de cocaïne. Les bateaux étant fouillés de fond en comble, la manœuvre du cheminement de la cocaïne a ainsi changé. D'ailleurs, la saisie, au mois de juin 2007, par la Gendarmerie nationale, et pour la première fois en Algérie, de près de 8 kg de cocaïne (6,6 kg à El-Tarf et 1,04 kg à Annaba), ne serait, aux yeux des enquêteurs, que la partie visible de l'iceberg. En pleine expansion, l'immigration clandestine est venue, estiment des experts, au “secours” des narcotrafiquants qui, en ramenant leur marchandise d'Amérique latine ou du Sud, transitent par les côtes d'Annaba et d'El-Tarf avant de l'acheminer en même temps que les candidats à l'immigration clandestine, ou en Tunisie, exactement vers la ville de Kélibia. Cette dernière, très proche de la Sicile, est connue pour être le lieu de prédilection des harragas africains. Dans ce contexte, on signale la mainmise de la mafia italienne sur le réseau qui va de l'Algérie vers l'Europe.