Il s'agit réellement d'un grave péril sur la santé publique. Une rencontre fortuite avec un ingénieur travaillant dans le secteur de l'électricité, a vite été orientée vers une discussion au sujet des huiles minérales usagées déversées indiffé-remment dans les oueds et les cours d'eau, dans la mer, dans les retenues collinaires et les bar-rages. Des lois existent sans pour autant être appliquées. Une réglementation insuf-fisante, qui devrait empêcher, entre autres, les activités de lavage-graissage aux environs immédiats d'une nappe d'eau potable, d'un lac ou d'un cours d'eau, à moins de normes draconiennes qui contraindraient ceux qui exercent cette activité à récupérer les huiles et rejets de vidange et que ces produits soient repris et payés par des entreprises dans le but de les recycler. Actuellement, chaque entreprise prétend ne reprendre que les huiles qu'elle aurait produites ou livrées. On imagine la pagaille et l'embarras des professionnels du secteur, pompistes ou activant dans le lavage-graissage ! Absence de normes strictes, contrairement à ce qui se fait ailleurs Ce jeune cadre du secteur, maîtrisant parfaitement son sujet, dénonce l'absence de normes maxima définies par la loi, à l'instar de ce qui se passe dans les autres pays, s'agissant d'agents hautement polluants. Il y a deux ans, la France a échappé de justesse à une amende de plus de 20 millions d'euros à cause des nitrates infiltrés dans la nappe phréatique en Bretagne. On ne plaisante pas en effet à propos des ressources vitales comme l'eau potable. L'UE n'a abandonné les poursuites que lorsque les pouvoirs publics en France ont fait un geste de bonne volonté en engageant une solide action afin d'empêcher la catastrophe écolo-gique inéluctable. Des grosses sociétés comme Sonelgaz, Sonatrach, Naftal, Naftec ainsi que l'ensemble des entreprises du secteur de l'électro - industrie sont concernées, comme l'ex-Enel d' Azazga (SGP Cabelec). La plupart des huiles importées sont des huiles recyclées Ainsi, la plupart des huiles minérales importées peuvent être contaminées : toutes, ou presque toutes sont des huiles de récupération raffinées. Les huiles minérales sont utilisées sous contrôle strict partout dans le monde, conformément aux réglementations en la matière dont la référence est la norme CEI 61619. En Algérie, il n'existe aucun laboratoire équipé et capable de mesurer les taux de PCB dans les huiles minérales, principalement les huiles diélectriques utilisées dans les transformateurs électriques, comme les huiles askarels, importées ou non. Des entreprises publiques activant dans le secteur ont déjà sollicité l'Ianor (Institut algérien de normalisation) à ce propos, sans grand résultat. Elles souhaitaient que l'Ianor initie une norme afin de suggérer aux pouvoirs publics la mise en chantier d'une loi analogue à celle qui a été mise en place en Europe, avec des variations minimes d'un pays à l'autre, une loi délimitant une fourchette des taux maxima de PCB/PCT (Polychlorobiphényles et polychloroterphényles) admissibles dans les huiles diélectriques et minérales. Une loi qui serait communiquée à l'ensemble des opérateurs afin qu'ils s'y conforment de manière rigoureuse. Aucun labo algérien ne dispose de l'équipement et du savoir-faire en chromatographie en phase gazeuse (CPG) afin de mener à bien ces analyses et découvrir si une huile est contaminée ou non. Encore faut-il décider des minima tolérés sur la base de ce qui se fait ailleurs, car il y va de la santé publique. Il y a déjà plus de 25 ans que les huiles askarels ont été interdites sur le territoire national dans les transformateurs électriques. Mais qui a pu vérifier si ces transformateurs ont bien été retirés de la circulation et si oui, qu'a-t-on fait des huiles qu'ils contenaient. Qui a oublié le massacre de centaines de milliers de poissons sur des km de côtes entre Réghaïa et Zemmouri, après le déversement dans l'oued Réghaïa de fûts pleins d'huile askarel il y a quelques années ? Il existe naturellement une norme à ce propos : la CEI 6296, adoptée comme norme algérienne (NA 9300), en 2005. L'Algérie a bien signé les conventions de Bâle et de Stockholm sur l'environnement, et sur la gestion des déchets de PCB/PCT, mais, à ce jour, il n'existe aucun texte réglementant les taux de contamination admissibles dans les huiles minérales mise en circulation. Il existe d'énormes quantités d'huiles de divers fournisseurs étrangers, d'origine française, italienne, bulgare, yougoslave, etc., qui sont utilisées sans le moindre contrôle. Alors que le contrôle devrait pouvoir être opéré aux frontières, avant la délivrance du visa d'entrée. Le PNUE (programme des nations unies sur l‘environnement) énonce dès le mois d'août 1999 les lignes directrices pour l'identification des PCB et du matériels contenant des PCB. Ce programme interorganisa-tionnel pour la gestion rationnelle des produits chimiques constitue un accord de coopération ente plusieurs organismes de l'ONU, dont le PNUE, le BIT, la FAO, et les pays de l'OCDE. Le document reconnaissait déjà à l‘époque la difficulté d'éradiquer totalement l'usage des PCB dans l'industrie et le transport, la production d'électricité, les systèmes hydrauliques et de transfert de chaleur. “Les huiles usagées de transformateurs contenant des PCB sont souvent mélangées avec des huiles minérales dans le cadre d'opérations de recyclage de telle manière à ce que de faibles concentrations de PCB se retrouvent souvent dans les huiles recyclées utilisées dans les camions et les voitures. Les sources liées à l'automobile sont généralement les stations-services et les parcs de véhicules commerciaux qui collectent les huiles récupérées de vidange (…). De plus le condensat issu des gazoducs peut être contaminé en PCB, au contact des huiles contenant des PCB utilisés dans les compresseurs de ces gazoducs.” Le document affirme que de nombreux pays ont normalisé une classification des PCB par concentration. Parmi ces pays l'Australie, l'Allemagne, le Canada, la Suède, le Royaume Uni, les USA, qui considèrent que le matériel qui contient 50 ppm de PCB (parties par million poids, norme également exprimée en milligrammes par kilogramme ou mg/kg), constitue le niveau de référence pour la réglementation sur les PCB. Dans ces pays, le matériel dépassant les 50 ppm doit être manipulé selon la réglementation sur les PCB. Quelques exemples de classification par concentration en vigueur aux USA : Parties par million (PPM) Au-delà de 500 ppm=produit contenant des PCB considéré comme pur par la réglementation ; 50 à 500 ppm= réglementé comme contaminé par les PCB ; De 5 à 50 ppm=contamination en PCB potentiellement soumise à une réglementation En dessous de 5 ppm= absence de PCB. Il serait plus que temps que le pays se dote des normes en usage dans le monde, concernant l'utilisation des PCB/PCT, c'est une question de vie ou de mort.