Soixante pour cent des constructions rurales, notamment celles implantées dans les régions frontalières qui s'étendent de Bekkaria jusqu'à Bir El Ater, ont été transformées en antichambres destinées au stockage de carburants et autres produits de contrebande. La wilaya de Tébessa a bénéficié au titre du précédent plan quinquennal de 12 000 logements dans le cadre du développement rural, mais en réalité, ce programme a été détourné de ses objectifs. En effet, 60% des constructions rurales, surtout celles implantées le long des régions frontalières qui s'étendent de Bekkaria jusqu'à Bir El Ater ont été transformées en antichambres destinées au stockage de carburants et autres produits de contrebande. Leurs propriétaires les ont sous-louées aux contrebandiers à des prix faramineux et ont rejoint les grandes villes. Selon des sources dignes de foi, les contrebandiers qui activent dans la région de Bir El Ater recourent à divers moyens pour détourner l'attention des services de sécurité. “Pour détourner l'attention, les contrebandiers ramènent des femmes et des enfants dans ces logements ruraux et les font travailler surtout durant la nuit. Ils font appel uniquement à des proches qui connaissent bien la région et qui ont des liens familiaux avec leurs complices de l'autre côté de la frontière algéro-tunisienne”, nous affirme notre source. La main-d'œuvre utilisée dans ce fief de la contrebande locale est scindée en deux catégories. Les hommes âgés de 17 à 45 ans sont spécialisés dans le stockage de carburants qu'ils vendent de l'autre côté de la frontière, en fonction des sentiers et des routes qui ne sont pas surveillés par les services de sécurité, en utilisant des mulets, des motocyclettes, des voitures (camionnettes) et même des semi-remorques. La deuxième catégorie de main-d'œuvre, ce sont les femmes âgées et leurs enfants. Ces derniers sont assignés au stockage des denrées alimentaires et des ballots de fripe introduits illégalement via la frontière, à savoir les pâtes, les concentrés de tomates et les confiseries orientales… Ce phénomène qui n'a épargné aucun secteur a pris des proportions alarmantes dans la région. Cela se répercute négativement sur l'économie nationale, car si dans les années 1990, il s'agissait uniquement d'individus isolés, aujourd'hui, on se retrouve face à des groupuscules professionnels puissamment organisés.