Le Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) a été inauguré, hier à l'hôtel El-Djazaïr, en présence de nombreuses personnalités politiques et diplomatiques, ainsi que des directeurs de journaux. Selon le directeur du centre, le docteur Mhand Berkouk, c'est le premier centre indépendant qui s'occupe des questions stratégiques et sécuritaires. estimant que l'Algérie ne disposait pas d'un cadre apte à regrouper les compétences nationales, le centre sera composé de quatre unités de recherche : politique, économique, sociale et de prospective (cette dernière manque cruellement à l'Algérie). Le programme tracé par le centre, durant l'année qui s'annonce, concerne quatre projets : le lancement d'une cellule d'expertise et de consulting, le lancement de quatre revues spécialisées, la formation en collaboration avec les universités et, enfin, l'organisation de conférences. Pour son inauguration, le centre a choisi une conférence sur le thème de l'heure : WikiLeaks, animée par l'expert en informatique, Abdelaziz Derdouri. Ce dernier a disséqué le phénomène WikiLeaks, le plaçant dans son contexte véritable : la cyber War, ou la guerre informatique. Dans un exposé qui donne froid au dos, le conférencier a montré toute la vulnérabilité des systèmes informatiques, que ce soit chez les grandes puissances de ce monde, ou dans les pays comme l'Algérie. Même s'il écarte la thèse selon laquelle les USA seraient derrière cette mégacyber attaque, arguant que les Américains ont beaucoup perdu et risquent de perdre encore plus dans cette affaire, le conférencier dira que les Etats, qu'ils soient développés ou non, restent impuissants devant cette nouvelle guerre. Il est vrai que des Etats, des institutions, des compagnies géantes pourraient l'utiliser afin de nuire à leurs adversaires ou concurrents, mais il est surtout vrai qu'avec une simple clé USB on peut déstabiliser tout un pays. L'Américain de 23 ans, accusé d'avoir été à l'origine des fuites pour le compte de WikiLeaks, se serait servi de CD pour télécharger des centaines de milliers de dossiers classés secret, tout en écoutant de la musique ! L'exemple de ce qui vient de se passer en Iran est édifiant, avec le fameux virus qui a infecté tous les ordinateurs du réseau Intranet gérant les stations nucléaires du pays. Les risques de voir des cyberattaques cibler des sites sensibles, comme des réseaux de transport d'hydrocarbures, ou de métro, ou encore d'aéroports, sans compter les banques (exemple des cas Visa, Mastercard et Pay pal, récemment attaqués). N'importe qui (Etat, institution, ou particulier) peut, actuellement, attaquer des sites de par le monde, infester des milliers, voire des millions d'ordinateurs, grâce à des logiciels disponibles sur Internet. Les Etats, les institutions et les particuliers sont désarmés devant l'ampleur d'une telle menace. Chacun essaye, à sa façon, de limiter les dégâts. L'Inde, par exemple, a dû annuler un contrat avec les équipementiers chinois des TIC, à cause de soupçons d'espionnage. L'Algérie avait annulé, en dernière minute, un contrat avec une société française qui se proposait d'établir un annuaire téléphonique. Le gouvernement algérien vient de prendre d'autres mesures pour interdire l'importation de certains appareils et logiciels pouvant compromettre sa sécurité. Pour revenir à l'affaire WikiLeaks, d'anciens diplomates présents hier à l'hôtel El-Djazaïr ont minimisé la portée des fuites distillées à travers ce site, estimant que ce sont des informations connues ou attendues, même s'ils avouent que le secret des négociations diplomatiques ne devrait pas être levé. Cependant, ils attendent, comme tout le monde, la suite des révélations, promises pour les jours à venir, pour voir si WikiLeaks ou ses sites miroir vont diffuser des informations plus sensibles et plus secrètes.