“C'est une rencontre importante”, a qualifié, hier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, à l'ouverture des journées techniques sur le blé dur, organisées depuis hier, à Annaba, par le groupe Benamor. Le ministre de l'Agriculture, annonçant la création des Conseils régionaux interprofessionnels de céréales (Cric), estime que la mise en synergie des acteurs de la filière céréalière pourrait booster quantitativement en améliorant les rendements, et qualitativement la production. Analysant la situation du blé dur avant 2007, le président-directeur général du groupe Benamor a estimé à 1,1 million d'hectares de surfaces emblavées avec des rendements jugés faibles, de 13 quintaux à l'hectare. La crise des céréales de 2007, avec une flambée exceptionnelle des cours du blé, qui ont atteint un pic historique de 800 dollars la tonne, créant une véritable panique sur les marchés mondiaux, a provoqué une prise de conscience sur le niveau préoccupant de la dépendance de l'Algérie à l'importation, son coût sur la balance commerciale posant l'épineuse question de la sécurité alimentaire du pays. Cette crise a poussé l'Etat à consentir des efforts considérables et à prendre des dispositions uniques pour encourager les agriculteurs. Entre autres mesures, on peut citer les subventions accordées aux agriculteurs, estimées à 44 milliards de DA, des crédits à taux bonifiés, des préfinancements de campagnes, la redynamisation des conseils interprofessionnels… Des résultats encourageants ont été enregistrés : une hausse sensible de la production, qui a connu un record en 2009, avec 61,2 millions de quintaux, jamais réalisé auparavant, une légère progression des rendements, même s'ils demeurent encore faibles, et enfin une augmentation des superficies emblavées pour le blé dur. Cependant, pour Mohamed-Laïd Benamor, l'effort considérable consenti par les pouvoirs publics ne saurait à lui seul résoudre les problèmes de la filière et garantir un développement durable et la sécurité alimentaire du pays. “Ces mesures ont permis certes, d'augmenter sensiblement la production mais l'approche qualitative reste totalement occultée”, indique le P-DG du groupe Benamor, estimant que “les efforts de l'ensemble des acteurs de la filière, appelés aujourd'hui à prendre le relais dans la dynamique de développement enclenchée par l'Etat, doivent désormais être concentrés sur la consolidation des acquis réalisés ces trois dernières années”. Mohamed-Laïd Benamor, en d'autres termes, suggère aux acteurs de la filière d'agir pendant que les producteurs sont sécurisés dans leurs revenus, pour garantir l'avenir de la filière céréalière. Du coup, le P-DG du groupe Benamor propose de créer une synergie entre les différents acteurs de la filière en saisissant l'opportunité de la mise en place des Conseils régionaux interprofessionnels des céréales. Il suggère aussi la mise en place de réseaux d'agriculteurs de différentes régions qui bénéficieront d'une assistance pour le respect des itinéraires techniques, en s'appuyant sur l'expertise nationale et internationale. Dans le temps, pour répondre à une demande sociale, les agriculteurs ont privilégié par nécessité leur fonction de production le plus souvent au détriment de celle de la qualité de leurs produits. Aujourd'hui, pour sauvegarder la production locale, les agriculteurs doivent connaître les exigences du marché et s'y adapter par le respect des itinéraires techniques. Les transformateurs, eux, doivent intégrer les contraintes et les aléas de la production, pour répondre aux exigences du consommateur. Aujourd'hui, malheureusement, ces deux acteurs se tournent le dos, alors que d'aucuns estiment que la promotion de la production passe par l'adoption d'une démarche commune pour répondre aux nouveaux enjeux tant économiques qu'alimentaires. “Pour réaliser de meilleures performances dans la filière céréalière, le renforcement des moyens de concertation entre l'ensemble des acteurs de la filière devient impératif”, estime-t-on. C'est ainsi que la mise en place d'un réseau régional serait une initiative capable d'organiser l'interprofession au niveau de la région pour faire face aux contraintes de la filière d'une manière constructive. C'est l'objectif recherché par le groupe Benamor en organisant les journées techniques sur le blé dur, qui, de l'avis même du ministre de l'Agriculture, permettront de jeter les premiers jalons d'une indispensable coopération et d'une synergie fertile entre les agriculteurs et les industriels. L'engouement, l'intérêt et l'enthousiasme suscités par cette rencontre, salués par le ministre, et qui a rassemblé plus de 400 personnes, entre industriels, agriculteurs et chercheurs, prouvent le besoin des acteurs de la filière d'échanger et de réfléchir ensemble pour tenter de proposer des solutions de nature à aider à construire ce partenariat, dont notre pays a besoin pour contenir dans des limites tolérables la dépendance alimentaire. Ce partenariat est plus qu'indispensable à un moment où la question de la sécurité alimentaire se pose avec acuité. “Il y va de la souveraineté du pays”, a indiqué le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, soulignant sa disponibilité et celle du gouvernement à accompagner “politiquement” cette mise en synergie. Le groupe Benamor a déjà démontré la viabilité de la démarche dans la filière tomate. Dans ce secteur, quasiment sinistré, le groupe Benamor, en proposant un partenariat gagnant-gagnant avec les agriculteurs, en les accompagnant sur le plan technique, a réussi à inverser la tendance.