La minuscule majorité obtenue devant la chambre des députés lui évite la chute, mais va rendre difficile sa gouvernance. Ses opposants, et ils sont nombreux, n'en reviennent pas : Silvio Berlusconi n'est pas passé à la trappe même si c'est de justesse. La chambre basse italienne a rejeté la motion de censure contre son gouvernement à une infime majorité de trois voix. “Heureusement que Berlusconi existe. S'il n'existait pas, il faudrait l'inventer. Je veux vous dire que la saison de Berlusconi n'est pas finie”, devait conclure le chef de son parti, le Peuple de la liberté, à la lecture des résultats du vote. Si la censure avait été votée, Berlusconi aurait dû démissionner et le président Giorgio Napolitano aurait dû soit confier la formation d'un nouveau gouvernement à une nouvelle personnalité (ou à Berlusconi lui-même), soit convoquer des élections législatives anticipées. La motion de défiance a été rejetée par 314 voix contre 311 et deux abstentions, alors qu'en revanche, il avait facilement remporté le scrutin à la chambre haute par 162 voix favorables sur 308. La baraka est toujours avec le Cavaliere, même si son étoile s'est quelque peu ternie. Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés et ex-allié de Silvio Berlusconi depuis 16 ans, ainsi qu'une trentaine de députés qui l'ont suivi après son expulsion du PDL, s'étaient engagés à mettre en minorité Berlusconi en votant une motion de censure présentée par les centristes. Le vote des députés a été extrêmement houleux, la séance a même été brièvement suspendue après un début de rixe entre plusieurs élus de droite en raison de la défection de deux élues pro-Fini qui ont sauvé in extremis Berlusconi en faisant faux bond à la consigne de vote de leur formation. Défait, Fini a déploré la marche vers le précipice de l'Italie, estimant que le pays a besoin de changement. Le chef du parti démocratique, la principale force d'opposition de gauche, médusé par la nouvelle victoire de Berlusconi, s'est contenté de prédire de nouveau la chute de celui-ci. “Que vous ayez une voix en plus ou en moins, vous n'êtes plus en mesure de garantir la stabilité du gouvernement”, a estimé Pier Luigi Bersani, soulignant que “dehors, il y a un pays qui veut changer, qui est fatigué”, en allusion aux dizaines de milliers de jeunes qui manifestaient dans toute l'Italie contre le gouvernement. Ces dernières semaines, le gouvernement a été mis en minorité à de nombreuses reprises sur des projets de loi, dont la réforme de l'université ou le fédéralisme fiscal.