Synthèse de Moumene Belghoul Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, se retrouve au centre d'une bataille politique aiguë dans laquelle il risque de laisser des plumes. Berlusconi a remporté hier avec succès la confiance du Sénat, avant d'affronter un vote à beaucoup plus haut risque à la Chambre des députés. La Chambre où deux motions de censure ont été déposées contre lui. Le Cavaliere a remporté le scrutin à la Chambre haute par 162 voix favorables sur 308. Le tout grâce à l'appui de son allié, la Ligue du Nord. Cette dernière vient au secours de Berlusconi en reportant une éventuelle déroute. La controverse bat son plein en Italie. «Ce gouvernement n'a pas d'alternative», a clamé Maurizio Gasparri, chef des sénateurs du PDL, le parti de Silvio Berlusconi, rappelant notamment ses succès en matière de lutte contre la criminalité. Le débat avait débuté dans un climat de tension. «Vous avez conduit le pays, votre gouvernement et votre majorité dans une crise politique qui dure depuis des mois. Le Parti démocrate votera contre la confiance et vous demande de vous démettre pour le bien du pays», a lancé Anna Finocchiaro, chef de file au Sénat du PD, principal parti d'opposition de gauche. Le Cavaliere a exclu de démissionner, comme le lui demandaient les finiens et centristes pour favoriser la constitution d'un gouvernement de centre-droit élargi. La situation est, en effet, problématique à la Chambre des députés. Les 35 députés dissidents du PDL emmenés par son ex-allié Gianfranco Fini se sont assigné un seul objectif : mettre en minorité Berlusconi en votant une motion de censure présentée par les centristes. Berlusconi n'en est pas à ses ultimes déboires. Une autre motion similaire a été déposée par l'opposition de gauche. La polémique est à son summum. La presse italienne relevait l'extrême importance de ce vote qui sera décisif pour l'avenir politique du Cavaliere, 74 ans, et qui se jouera sur une poignée de voix sur les 630 élus que compte la Chambre basse. «Berlusconi, le jour de la vérité», titre Repubblica, «Le gouvernement sur le fil du rasoir», souligne en une le Corriere della Sera, et La Stampa titre sur «La bataille jusqu'au dernier scrutin». Pour les observateurs de la vie politique italienne, quelle que soit l'issue du vote du Parlement, l'étape marquera indéniablement la fin d'un chapitre de l'histoire institutionnelle du pays. Annonciateurs, des medias se font déjà l'écho de l'après-Berlusconi. «Changement de saison», titre l'éditorialiste du Corriere Massimo Franco, pour qui «le Parlement certifiera l'écroulement de ce qui a représenté la charpente des coalitions de droite des seize dernières années : l'alliance entre Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini». En sur fond de controverse et de bataille procédurale, l'Italie semble s'être définitivement lassée du Cavaliere.