Alors que “il professore”, le dirigeant de la coalition de centre gauche italienne, Romano Prodi, a revendiqué, mercredi, une victoire claire sur son adversaire “Il cavaliere”, Silvio Berlusconi, celui-ci refuse de reconnaître sa défaite. Sulfureux, l'ex-président du Conseil italien entend le rester jusqu'au bout, quitte à coller à son pays, qu'il a lui-même mis à mal, l'image d'une détestable république bananière. Les Italiens doivent attendre les résultats de la cour de cassation saisie par Berlusconi. Il est vrai que Prodi est passé de justesse, grâce notamment aux voix des Italiens de la diaspora. Ces élections ont, d'ailleurs, tenu en haleine la péninsule jusqu'à mardi dans l'après-midi, lorsque le ministère de l'Intérieur a confirmé la victoire de l'Union de gauche avec 158 sièges sur 315 au Sénat et 342 sur 630 à la Chambre des députés. Durant cette journée, Rome a été la proie de rumeurs folles du type heurts entre activistes de droite et de gauche ! Tant et si bien que l'information sur la neutralisation, en Sicile, du parrain de la mafia passait au second plan. Silvio Berlusconi, qui n'a pas subi l'hécatombe que prévoyaient de nombreux observateurs, serait victime de sa propre loi électorale, votée par sa majorité six mois avant le scrutin. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Berlusconi, conscient de sa perte de popularité, pensait barrer la route à ses opposants en se peaufinant une loi sur mesure ! Le différend porte sur les bulletins contestés, des votes non valides mis de côté par les présidents des bureaux de vote, qui n'ont pu les classer dans les nuls ou les attribuer à un parti. Ces bulletins sont au nombre de 43 028 à la Chambre des députés où l'Union de la gauche a obtenu la majorité avec une avance de seulement 25 224 voix sur la droite, et de 39 833 au Sénat. Les commissions spéciales ont commencé, hier, le décompte de ces voix et il est peu probable que des erreurs soient commises. L'histoire rappelle en tout point de vue l'élection de Bush pour son deuxième mandat. Il a fallu refaire l'arithmétique des voix de la Floride, un Etat dirigé par le frère junior de Bush. Le résultat ne sera rendu public qu'après pâques. Après, il faudra plusieurs semaines avant la formation du gouvernement. Les deux nouvelles Chambres se réunissent le 28 avril pour élire leurs présidents respectifs et leur première mission sera d'élire, le 13 mai, un nouveau président de la République, le mandat de Carlo Azeglio Ciampi arrivant à son terme le 18 mai. Prodi ne devrait donc pas être investi avant de longues semaines, mais avant le 28, date des élections municipales et régionales. Le 24 juin, un référendum national doit être organisé sur l'accroissement des pouvoirs du chef du gouvernement et la délégation de certaines compétences aux régions. D. Bouatta