EX : A l'inverse de ce que l'on peut croire, l'harcèlement des parents pousse au désespoir plus que la pauvreté ou les chagrins d'amour. A Constantine, les jeunes des deux sexes, âgés entre 15 et 25 ans, tentent de tirer leur révérence en douce comme pour capituler sans plus d'histoires face à tant de pressions et d'incompréhensions. Chaque jour, 4 jeunes constantinois, des deux sexes, tentent de se donner la mort. La situation est si alarmante au point où des urgentistes, des psychologues et des sociologues, connus sur la place constantinoise, évoquent une pandémie… psychologique qui menace le tissu social de la capitale de l'est du pays. En effet, un véritable drame se déroule, à huit clos, à Constantine depuis quelques années. Nous disons cela, car, dans la rubrique faits divers de la presse locale, les cas de suicide rapportés se font rares. Les communiqués- bilans de la protection civile font rarement cas des suicides dans la ville aux sept ponts. Pourtant, ce qui s'apparente à un calme socio- psychologique, si l'on ose dire, cache une omerta de fait qui s'explique par deux facteurs. Le premier est que les candidats au suicide recourent rarement à la défénestration qui reste l'acte de suicide le plus médiatisé, c'est-à-dire en se jetant depuis les ponts de la ville. De ce premier facteur découle le second: Les candidats au suicide essaient de se donner la mort chez eux en recourant à des procédés moins violents que la défénestration, soit aux détergents et autres drogueries. C'est-à-dire, des tentatives où la mort n'est pas immédiate. D'où les victimes sont évacuées par leurs proches aux urgences médicales et où dans 98 % des cas elles sont sauvées avec, toutefois, des séquelles psychologiques et anatomiques irréversibles. Ce sont, ainsi, ces deux facteurs qui expliquent la quasi absence des cas de suicide des statistiques de la protection civile alors que le phénomène est plus qu'alarmant. Si la défenestration n'est plus coté, c'est que le suicide n'est plus un acte de violence pour de faire entendre pour la dernière fois mais une façon de jeter l'éponge, de capituler, en douce, de dire je ne peux plus continuer à subir ce rythme de vie et ce harcèlement. Pour l'année 2009, plus de 1300 jeunes, âgés entre 15 et 25 ans ont tenté à leur vie à Constantine. Ces jeunes, adolescents pour la plus part, ont recouru aux produits trouvés chez leurs parents tels que les détergents. Selon " I. Taleb ", une journaliste de la presse locale spécialisée dans les faits de société, plus de la moitié des cas de suicide sont enregistrés durant les mois de juin et juillet soit au moment de la communication des résultats des examens scolaires. D'ailleurs, toujours selon notre spécialiste, c'est pour cette raison que l'échec scolaire et l'harcèlement des parents sont la première cause de ces tentatives. Ces données nous sont confirmées par un spécialiste aux urgences médicales. Selon notre source, le comportement des parents tue, chez les adolescents, plus que la pauvreté ou le chagrin d'amour. Ce constat est conforté par celui de plusieurs enseignants des cycles moyens et secondaires. Selon une enseignante qui a requis l'anonymat, elle est obligée, depuis deux années, de majorer les notes de 4 de ses meilleures élèves pour leur éviter le pire avec leurs parents. “Mes élèves qui récoltent pourtant des 16 et 17 de moyennes viennent en pleurant me supplier de les aider pour avoir des 18 sur 20 faute de quoi ils seront sévèrement réprimandés par leurs parent, surtout leurs mamans", explique avec dégout notre interlocutrice. Le feu est dans le foyer algérien. Conséquence des séquelles des années 1990, on a des chefs de familles qui se créent de faux repères et idéals pour compenser le vide culturel et civique dans lequel ils ont grandi. Seule une sensibilisation, avec les grands moyens comme les médias lourds, peut freiner cette catastrophe.