Fifi, Lili, Momo, Takfarinas, Djamila et biens d'autres professionnels du sexe se racontent, font étalage de leur expérience dans les maisons closes d'Oran, d'Alger et de Tamanrasset, livrent un monde clos, un monde régi par le sexe, l'argent, la violence, dont nombreux ignorent jusqu'à la présence. Derrière chaque parcours, une souffrance sociale. Derrière chaque témoignage une réalité accablante. Ecoutons-les. Fifi, Lili, Momo, Takfarinas, Djamila et biens d'autres professionnels du sexe se racontent, font étalage de leur expérience dans les maisons closes d'Oran, d'Alger et de Tamanrasset, livrent un monde clos, un monde régi par le sexe, l'argent, la violence, dont nombreux ignorent jusqu'à la présence. Derrière chaque parcours, une souffrance sociale. Derrière chaque témoignage une réalité accablante. Ecoutons-les. Souad, 30 ans, est travailleuse du sexe dans un hôtel de passe à Oran. Lucide, le regard critique sur le statut de la femme en Algérie, elle fait part des violences qu'elle a, jeune, subi au sein de sa famille. Ses parents organisent rapidement son mariage avec une famille «riche», dit-elle. Mais cela ne semble pas changer fondamentalement sa vie quotidienne. Elle est contrainte de reproduire le travail domestique assuré antérieurement chez ses parents. Son mari la trompe. Il finit par se remarier. Les deux femmes entrent en conflit, Souad quitte le foyer conjugal. Sa famille, ne voulant plus d'elle, elle se retrouve livrée à elle-même, dans la rue, à sa charges ses deux filles. N'ayant d'autre alternative que de quitter la ville de Relizane, pour errer à Oran. A la recherche au départ d'un travail, Souad se retrouve aux prises avec un monde différent du sien régi par des règles autres. Souad fait, malheureusement, partie de la catégorie des femmes considérées comme potentiellement «prenables» comme objet sexuel, selon les sociologues. Considérée dans le dialectal arabe comme «hajdala», la femme se retrouve socialement exclue, traitée à tort et à travers de «prostituée», et mal considérée. Le poids du préjugé social, dans le cas de Souad et beaucoup d'autres, contribue à leur déchéance. Un amour perdu, une vie gâchée Salima, 26 ans, est travailleuse du sexe dans un appartement à Oran. Son histoire est celle d'un amour socialement brisé avec un garçon, qui a duré trois ans. Ses parents, voisins de Salima, n'ont pas admis le passé de sa mère, travailleuse de sexe exerçant en France. La discrimination sociale dont elle a été victime a brisé son amour et a nourri sa haine contre une société qui l'a contrainte de reproduire la même histoire familiale, en devenant elle-même catin. «Pour la mère du garçon, je ne suis pas une fille de bonne famille. Je ne suis donc pas digne de son fils. Ce fils ne voulait surtout pas décevoir sa mère. Nous avons donc fini par nous séparer. Il m'a quittée. C'est la fin d'une histoire d'amour qui a duré trois ans. Cette femme ne me reproche rien d'autre que le fait d'être la fille de X qui a commis, il y a longtemps, très longtemps, une faute de jeunesse. J'ai payé vingt ans après les fautes de ma mère. Ce fut un choc plus douloureux encore que la mort de ma grand-mère. Tout s'est effondré autour de moi. Ce jour-là, j'ai compris que je ne pouvais pas être meilleure que ma mère et que quoi que je fasse, sa réputation me suivra à jamais. J'ai perdu ma virginité suite à ma relation avec l'unique homme que je voulais pour mari, je me suis considérée comme une divorcée. Cependant, entre la divorcée et la prostituée, dans la mentalité des hommes algériens, il n'existe aucune distinction. Aux yeux de la société, une divorcée, si elle n'est pas prostituée, elle le deviendra bientôt. C'est ce qui m'est arrivé après le départ de mon fiancé. Les gens du quartier ont commencé à me regarder autrement, à me courir après, à m'aborder dans la rue. Il a fallu que je sorte avec l'un d'entre eux, pour qu'on me laisse tranquille», témoigne Salima. «J'ai fui la maison par honte» Leila 22 ans, est travailleuse du sexe depuis trois ans dans une maison close d'Oran. Elle est originaire de Béni-Saf, village situé à une centaine de kilomètres d'Oran. Pour Leila, le travail du sexe ne peut être imputé à la précarité ou à un faible niveau scolaire. Tout allait pour le mieux dans son milieu familial. Leila et toute sa fratrie ont réussi brillamment leur cursus scolaire. L'existence de Leila a basculé le jour où elle a rencontré un jeune émigré dont elle est tombée très amoureuse. L'irréparable arriva et la jeune fille se retrouva enceinte. Livrée à elle-même après que le père ait fui sa responsabilité, honteuse, elle décida de fuguer. Le sentiment de honte, dans de nombreux cas, participe souvent à la décision de la travailleuse du sexe de quitter le domicile familial. A la honte s'ajoute la peur du regard des autres. Honte et peur de fragiliser les membres de sa famille parce que la norme sexuelle fondée uniquement sur le mariage, a été transgressée. Une grossesse, ne pouvant être dissimulée, trahit immédiatement la personne enceinte. Une grossesse hors mariage entache négativement et à jamais la réputation familiale. La femme enceinte, interdite de mariage refusé par son ami et ses parents, est devenue une «autre». Elle est classée socialement dans la catégorie de la «putain». Les cas de professionnelles du sexe qui se sont retrouvées contraintes d'exercer ce métier afin de survivre après avoir fui la maison sont nombreux. Précarité socioéconomique Les conditions socioéconomiques précaires figurent dans nombre de témoignages de professionnels du sexe comme un facteur favorisant. Fatima, 22 ans, exerce le travail du sexe dans la rue (Oran). Originaire d'un ancien quartier populaire d'Oran «Derb», Elle raconte la façon dont s'est opérée son entrée dans le monde de la prostitution et de son apprentissage du métier. Ce quartier, marqué par la drogue, l'étroitesse, l'insalubrité des habitations, les nombreuses ruptures familiales liées au divorce, au terrorisme, à l'émigration, à l'emprisonnement et la proximité des maisons closes représente un milieu propice au développement de la prostitution. Dans cet univers, la mère de Fatima n'hésite pas à lui inculquer les premières astuces à mettre en oeuvre face aux hommes, pour lui permettre de gagner un peu d'argent et de subvenir donc aux besoins de sa famille nombreuse. La débrouillardise devient le seul recours des personnes sans ressources financières et relationnelles, dans des contextes socio-économique profondément pourris comme c'est le cas de ce quartier populaire d'Oran où se mêlent toxicomanie, délinquance, pauvreté et malvie. Violence familiale à l'origine de sa déchéance Lilli, 48 ans, ancienne travailleuse du sexe dans une maison close, décrit la violence physique à l'origine de sa fugue et de l'exercice de la prostitution : «Mes relations avec mes frères se sont détériorées encore plus quand j'ai arrêté l'école. Je suis devenue leur boniche. On a commencé à me frapper et à me battre alors que j'avais à peine 6 ou 7 ans. Ma mère, voyant que je risquais gros suite à la brutalité de mes frères, a contacté le juge des mineurs, lui expliquant le danger que j'encourais en restant chez moi. J'ai été placée dans un centre d'assistance sociale situé à Messerghine où j'ai passé les plus belles années de mon existence. Cependant, dès mon retour à la maison, après la fermeture du centre, les coups et les cris ont repris de plus fort. J'étais torturée par mon frère aîné qui me faisait asseoir sur une chaise, m'enchaînait et m'assénait des coups brutaux à l'aide de sa ceinture en cuir, alors que j'avais 15 ans. Un jour, j'ai bravé l'interdit en sortant faire un tour au marché avec ma copine. De retour à la maison, un terrible châtiment m'attendait. Mon frère m'a rasé le crâne et les sourcils. Il m'a totalement défiguré. C'était un traumatisme que je ne pouvais supporter. Quelque temps après, j'ai fugué de la maison avec ma copine Khadidja qui vivait, chez elle, les mêmes violences. A Alger, on devait certes nous débrouiller pour survivre, mais on était au moins à l'abri de la torture familiale.» Trajectoires familiales brisées Le commerce du corps a de multiples facettes. Derrière les préjugés sociaux et des discours moralisateurs qui accordent au travailleur ou à la travailleuse du sexe le statut de paria, au sein de notre société, la réalité est amère. Celle de la déchéance favorisée le plus souvent par des facteurs sociaux négligés ou ignorés. C'est ce que révèle une étude sur le travail du sexe en Algérie menée par l'association Aids Algérie avec la collaboration d'Onusida. L'idée majeure de cette étude, qui a réuni les aveux de 30 personnes âgées entre 20 et 48 ans, est de suivre le cheminement des travailleurs du sexe, hommes et femmes, de connaître les causes de leur déchéance, d'explorer leur mode de vie dans l'univers clos de la prostitution. L'étude, qui brise le tabou sur un sujet extrêmement épineux, révèle la dure réalité de la déchéance humaine, le poids du préjugé social et l'implication directe de la société (la famille et les rapports de domination homme-femme qui y règne) dans la décadence de la majorité de ces personnes. Selon l'étude, la majorité des récits des travailleuses et des travailleurs du sexe nous dévoilent des trajectoires familiales brisées à l'origine de violences physiques et symboliques au sein de la famille. Le statut particulier de la femme, dominée, objet, exposée à toutes sortes de violence et de mauvais traitement, au sein de la société algérienne, explique les ruptures familiales et favorise l'entrée dans le monde de la prostitution. Mariage forcé, divorce non admis par les parents, la peur et la honte face à une grossesse non désirée, l'abus sexuel, l'homosexualité, inceste, implosion familiale, violence physique et morale sont autant de facteurs qui expliquent la déchéance de cette catégorie de personne stigmatisée et exclue à jamais de la structure sociale. Les témoignages des travailleuses du sexe, publiées dans l'étude initiée par Aids Algérie, prouvent que l'on ne naît pas prostituée, mais on le devient à cause d'une trajectoire familiale marquée par des événements anticipants. L'étude sur le travail du sexe en Algérie, très constructrice certes, reste insuffisante pour analyser parfaitement le monde d'entrée dans la prostitution. Des études sociologiques ayant pour but d'analyser le phénomène de la prostitution seront d'un grand apport. Souad, 30 ans, est travailleuse du sexe dans un hôtel de passe à Oran. Lucide, le regard critique sur le statut de la femme en Algérie, elle fait part des violences qu'elle a, jeune, subi au sein de sa famille. Ses parents organisent rapidement son mariage avec une famille «riche», dit-elle. Mais cela ne semble pas changer fondamentalement sa vie quotidienne. Elle est contrainte de reproduire le travail domestique assuré antérieurement chez ses parents. Son mari la trompe. Il finit par se remarier. Les deux femmes entrent en conflit, Souad quitte le foyer conjugal. Sa famille, ne voulant plus d'elle, elle se retrouve livrée à elle-même, dans la rue, à sa charges ses deux filles. N'ayant d'autre alternative que de quitter la ville de Relizane, pour errer à Oran. A la recherche au départ d'un travail, Souad se retrouve aux prises avec un monde différent du sien régi par des règles autres. Souad fait, malheureusement, partie de la catégorie des femmes considérées comme potentiellement «prenables» comme objet sexuel, selon les sociologues. Considérée dans le dialectal arabe comme «hajdala», la femme se retrouve socialement exclue, traitée à tort et à travers de «prostituée», et mal considérée. Le poids du préjugé social, dans le cas de Souad et beaucoup d'autres, contribue à leur déchéance. Un amour perdu, une vie gâchée Salima, 26 ans, est travailleuse du sexe dans un appartement à Oran. Son histoire est celle d'un amour socialement brisé avec un garçon, qui a duré trois ans. Ses parents, voisins de Salima, n'ont pas admis le passé de sa mère, travailleuse de sexe exerçant en France. La discrimination sociale dont elle a été victime a brisé son amour et a nourri sa haine contre une société qui l'a contrainte de reproduire la même histoire familiale, en devenant elle-même catin. «Pour la mère du garçon, je ne suis pas une fille de bonne famille. Je ne suis donc pas digne de son fils. Ce fils ne voulait surtout pas décevoir sa mère. Nous avons donc fini par nous séparer. Il m'a quittée. C'est la fin d'une histoire d'amour qui a duré trois ans. Cette femme ne me reproche rien d'autre que le fait d'être la fille de X qui a commis, il y a longtemps, très longtemps, une faute de jeunesse. J'ai payé vingt ans après les fautes de ma mère. Ce fut un choc plus douloureux encore que la mort de ma grand-mère. Tout s'est effondré autour de moi. Ce jour-là, j'ai compris que je ne pouvais pas être meilleure que ma mère et que quoi que je fasse, sa réputation me suivra à jamais. J'ai perdu ma virginité suite à ma relation avec l'unique homme que je voulais pour mari, je me suis considérée comme une divorcée. Cependant, entre la divorcée et la prostituée, dans la mentalité des hommes algériens, il n'existe aucune distinction. Aux yeux de la société, une divorcée, si elle n'est pas prostituée, elle le deviendra bientôt. C'est ce qui m'est arrivé après le départ de mon fiancé. Les gens du quartier ont commencé à me regarder autrement, à me courir après, à m'aborder dans la rue. Il a fallu que je sorte avec l'un d'entre eux, pour qu'on me laisse tranquille», témoigne Salima. «J'ai fui la maison par honte» Leila 22 ans, est travailleuse du sexe depuis trois ans dans une maison close d'Oran. Elle est originaire de Béni-Saf, village situé à une centaine de kilomètres d'Oran. Pour Leila, le travail du sexe ne peut être imputé à la précarité ou à un faible niveau scolaire. Tout allait pour le mieux dans son milieu familial. Leila et toute sa fratrie ont réussi brillamment leur cursus scolaire. L'existence de Leila a basculé le jour où elle a rencontré un jeune émigré dont elle est tombée très amoureuse. L'irréparable arriva et la jeune fille se retrouva enceinte. Livrée à elle-même après que le père ait fui sa responsabilité, honteuse, elle décida de fuguer. Le sentiment de honte, dans de nombreux cas, participe souvent à la décision de la travailleuse du sexe de quitter le domicile familial. A la honte s'ajoute la peur du regard des autres. Honte et peur de fragiliser les membres de sa famille parce que la norme sexuelle fondée uniquement sur le mariage, a été transgressée. Une grossesse, ne pouvant être dissimulée, trahit immédiatement la personne enceinte. Une grossesse hors mariage entache négativement et à jamais la réputation familiale. La femme enceinte, interdite de mariage refusé par son ami et ses parents, est devenue une «autre». Elle est classée socialement dans la catégorie de la «putain». Les cas de professionnelles du sexe qui se sont retrouvées contraintes d'exercer ce métier afin de survivre après avoir fui la maison sont nombreux. Précarité socioéconomique Les conditions socioéconomiques précaires figurent dans nombre de témoignages de professionnels du sexe comme un facteur favorisant. Fatima, 22 ans, exerce le travail du sexe dans la rue (Oran). Originaire d'un ancien quartier populaire d'Oran «Derb», Elle raconte la façon dont s'est opérée son entrée dans le monde de la prostitution et de son apprentissage du métier. Ce quartier, marqué par la drogue, l'étroitesse, l'insalubrité des habitations, les nombreuses ruptures familiales liées au divorce, au terrorisme, à l'émigration, à l'emprisonnement et la proximité des maisons closes représente un milieu propice au développement de la prostitution. Dans cet univers, la mère de Fatima n'hésite pas à lui inculquer les premières astuces à mettre en oeuvre face aux hommes, pour lui permettre de gagner un peu d'argent et de subvenir donc aux besoins de sa famille nombreuse. La débrouillardise devient le seul recours des personnes sans ressources financières et relationnelles, dans des contextes socio-économique profondément pourris comme c'est le cas de ce quartier populaire d'Oran où se mêlent toxicomanie, délinquance, pauvreté et malvie. Violence familiale à l'origine de sa déchéance Lilli, 48 ans, ancienne travailleuse du sexe dans une maison close, décrit la violence physique à l'origine de sa fugue et de l'exercice de la prostitution : «Mes relations avec mes frères se sont détériorées encore plus quand j'ai arrêté l'école. Je suis devenue leur boniche. On a commencé à me frapper et à me battre alors que j'avais à peine 6 ou 7 ans. Ma mère, voyant que je risquais gros suite à la brutalité de mes frères, a contacté le juge des mineurs, lui expliquant le danger que j'encourais en restant chez moi. J'ai été placée dans un centre d'assistance sociale situé à Messerghine où j'ai passé les plus belles années de mon existence. Cependant, dès mon retour à la maison, après la fermeture du centre, les coups et les cris ont repris de plus fort. J'étais torturée par mon frère aîné qui me faisait asseoir sur une chaise, m'enchaînait et m'assénait des coups brutaux à l'aide de sa ceinture en cuir, alors que j'avais 15 ans. Un jour, j'ai bravé l'interdit en sortant faire un tour au marché avec ma copine. De retour à la maison, un terrible châtiment m'attendait. Mon frère m'a rasé le crâne et les sourcils. Il m'a totalement défiguré. C'était un traumatisme que je ne pouvais supporter. Quelque temps après, j'ai fugué de la maison avec ma copine Khadidja qui vivait, chez elle, les mêmes violences. A Alger, on devait certes nous débrouiller pour survivre, mais on était au moins à l'abri de la torture familiale.» Trajectoires familiales brisées Le commerce du corps a de multiples facettes. Derrière les préjugés sociaux et des discours moralisateurs qui accordent au travailleur ou à la travailleuse du sexe le statut de paria, au sein de notre société, la réalité est amère. Celle de la déchéance favorisée le plus souvent par des facteurs sociaux négligés ou ignorés. C'est ce que révèle une étude sur le travail du sexe en Algérie menée par l'association Aids Algérie avec la collaboration d'Onusida. L'idée majeure de cette étude, qui a réuni les aveux de 30 personnes âgées entre 20 et 48 ans, est de suivre le cheminement des travailleurs du sexe, hommes et femmes, de connaître les causes de leur déchéance, d'explorer leur mode de vie dans l'univers clos de la prostitution. L'étude, qui brise le tabou sur un sujet extrêmement épineux, révèle la dure réalité de la déchéance humaine, le poids du préjugé social et l'implication directe de la société (la famille et les rapports de domination homme-femme qui y règne) dans la décadence de la majorité de ces personnes. Selon l'étude, la majorité des récits des travailleuses et des travailleurs du sexe nous dévoilent des trajectoires familiales brisées à l'origine de violences physiques et symboliques au sein de la famille. Le statut particulier de la femme, dominée, objet, exposée à toutes sortes de violence et de mauvais traitement, au sein de la société algérienne, explique les ruptures familiales et favorise l'entrée dans le monde de la prostitution. Mariage forcé, divorce non admis par les parents, la peur et la honte face à une grossesse non désirée, l'abus sexuel, l'homosexualité, inceste, implosion familiale, violence physique et morale sont autant de facteurs qui expliquent la déchéance de cette catégorie de personne stigmatisée et exclue à jamais de la structure sociale. Les témoignages des travailleuses du sexe, publiées dans l'étude initiée par Aids Algérie, prouvent que l'on ne naît pas prostituée, mais on le devient à cause d'une trajectoire familiale marquée par des événements anticipants. L'étude sur le travail du sexe en Algérie, très constructrice certes, reste insuffisante pour analyser parfaitement le monde d'entrée dans la prostitution. Des études sociologiques ayant pour but d'analyser le phénomène de la prostitution seront d'un grand apport.